Édito | Novembre 2024

L’automne est arrivé. Avec lui tombent peu à peu les feuilles colorées, enlacées par les vagues du vent et les ondes de bruine qui, déjà, annoncent la fin de l’année. N’ayez crainte, le mois de brumaire dans la Cité ardente n’est cependant pas synonyme de morosité. Alors que le temps automnal transforme l’été en un souvenir qui nous semble loin, vous pouvez être rassuré·e·s : les projets de la Maison Arc-en- Ciel de Liège continuent de vous porter au pied de l’arc-en-ciel où s’y trouvent encore de nombreux (Livres aux) Trésors. Une allusion à notre librairie partenaire liégeoise que nous chérissons tant.

Tel·le·s les héros et héroïnes du Monde de Narnia, nous vous invitons à pousser la porte (du fond) du placard pour vous plonger dans le monde fabuleux de la littérature. Pour cette deuxième édition de notre festival littéraire, la SMAC, nous vous avons préparé diverses rencontres lors desquelles vous aurez l’opportunité de découvrir des auteur·rice·s d’ici et d’ailleurs, des moments de délices littéraires partagés autour des thématiques LGBTQIA+ qui nous occupent et nous lient. Qu’il s’agisse d’écouter, de lire, d’écrire, de parler, de découvrir ou de rire, notre éventail d’activités offre, à chaque personne, la possibilité de s’immerger dans la magie des mots.

Au même titre que d’autres formes artistiques, la littérature est inscrite au sein même de la culture LGBTQIA+. C’est un outil de visibilité, une voie sur laquelle se sont posées et se posent encore nos voix, singulières comme collectives. Il est vrai que la littérature est à ce jour peut-être appréciée à une échelle plus restreinte qu’hier. Néanmoins, elle continue d’impacter et de former les esprits de demain. Elle est un socle indispensable dans la construction d’un avenir commun : elle a le pouvoir de rendre visible les perspectives, les regards, les amours souvent jugés trop honteux pour qu’ils ne puissent « oser prononcer leur propre nom », comme le disait Lord Alfred Douglas.

Osons alors prononcer nos différents noms. Nous nous délectons de ses perspectives, de ses existences, dont nous avons trop souvent, petit·e·s et grand·e·s, remarqué l’absence et le silence. La littérature – si et seulement si elle n’a de rôle – peut servir à la forge de l’empathie et de la pédagogie. Un moyen de raconter les vies, de se raconter, d’émouvoir et de s’émouvoir, de s’imaginer, de se projeter et de se retrouver au travers d’un voyage nommé « imagination ». La fiction, alors, sert le réel en ce qu’elle peut transformer nos appréhensions et incompréhensions en solidarité.

La Maison Arc-en-Ciel de Liège croit en la littérature – en sa capacité à nouer des liens. Elle croit aux autres formes artistiques, en témoignent les moments de convivialité prévus à notre prochaine exposition queer avec le collectif Cinem’art, autour du chant (des soirées karaoké de Paolo à l’émergence de la Queerale) ou encore de la danse à notre prochain Tea Dance – un bal où, comme chaque mois, vous êtes bien évidemment tous·te·s convié·e·s. Prenez garde à la Sorcière Blanche, tout de même… la version Halloween pourrait bien vous effrayer !

Quel que soit le mode utilisé, l’art est un vaisseau dont nous devons prendre soin, pilotés par des artistes dont la valeur est souvent sous-estimée. Célébrons-les, celles et ceux d’hier et de demain. Sans art, nous ne sommes rien, mais sans un ‘nous’, l’art aurait, de fait, un goût d’automne. Et je ne parle pas de Pumpkin Spice Latte…

Je profite de cet édito épistolaire pour vous remercier, vous aussi, de tenir nos mots sur ces pages de papier entre vos mains. Sans main pour les soutenir, sans yeux pour les lire, nos mots ne seraient qu’échos se heurtant aux murs d’une maison vide.

Joyeux brumaire à vous et à bien vite,

Votre dévoué,
■ Bastien Bomans, Président