Édito | Octobre 2017

Le 15 septembre 2017!

Le 15 septembre 2017 est une date historique à retenir pour tous les mouvements LGBTI+. C’est à cette date et dans les murs prestigieux de l’Académie Royale de Belgique à Bruxelles qu’a été inauguré un nouveau master de spécialisation en études de genre. Historique, cette inauguration l’a été à plus d’un titre. Tout d’abord par ses invités, imaginez-vous les six recteurs des universités francophones de Belgique (tous des hommes) ensemble !! Pour ceux qui ne seraient pas au courant, ces gens ne sont pas vraiment des amis. A côté, une des cabinets ministériels qui ont soutenu et – de l’aveu même des organisateurs – permis la concrétisation de ce projet à savoir Isabelle Simonis et Michel Marcourt. Enfin, face à eux, un panel assez nombreux d’hommes et de femmes issus du monde académique mais tous militants et activistes. Ces derniers ne se sont d’ailleurs pas privés de faire ressentir aux premiers la force de leurs convictions et de leurs engagements. Enfin, des représentants de nombreuses associations étaient présents. Un moment historique aussi pour ce qu’il représente. Il est la concrétisation d’un combat mené depuis les années 1970 par les milieux associatifs féministes et LGBTI+. Il montre qu’en près de 50 ans, ces études d’abords critiquées et parfois même moquées sont devenues un domaine officiel et fécond voir un enjeu pour les universités.

Les questions posées par ces études sont au cœur de nos préoccupations au sein de la Maison Arc-en-Ciel de Liège. En tant qu’association LGBTI+, nous nous réjouissons de la concrétisation de ce projet. Nous pensons que notre action militante et nos combats ne peuvent-être que grandis et légitimés par une collaboration accrue avec le monde académique et scientifique. Des projets tel que le prix de Delor porté par Arc-en-Ciel Wallonie ou le concours d’écriture Ihsane Jarfi que nous organisons sont autant de moyens de créer des ponts entre nous.

Enfin, la mise sur pied de ce master traduit surtout une évolution générale de la société dont nous sommes sans conteste en partie responsables. Un exemple récent et pour le moins symbolique est la prise en compte, dès la rentrée 2017, par l’Université de Liège et par l’ULB, du nom social des étudiants transgenres plutôt que du nom enregistré à l’état civil. Cette prise en considération de leur transidentité est un véritable soulagement pour ces étudiants. C’est aussi et surtout la preuve, s’il en fallait une, que les choses bougent et dans le bon sens. C’est la preuve que nos combats n’ont pas été vains. Et pour moi, cela justifie ce qui est en train de devenir le leitmotive de mes éditoriaux… Continuons le combat !

Cyrille Prestianni