En septembre dernier, le gouvernement a adopté un plan de lutte contre le VIH. Faut-il le dire, la Belgique, et peut-être encore plus la Belgique francophone, était nettement à la traîne dans la lutte contre l’épidémie. Ce que l’on appelle les nouveaux paradigmes de la prévention n’étaient absolument pas intégrés dans la pratique des acteurs de terrain ni dans l’organisation du secteur de la prévention en général.
C’est l’une des lacunes que devrait combler ce plan. La Ministre de la Santé, Laurette Onkelinx, a rappelé l’importance d’utiliser le préservatif. Mais elle a également souligné que nous disposions d’autres outils auxquels il fallait donner toute leur place. Encourager la population à se faire dépister plus ou moins régulièrement en fonction des comportements et, en cas de résultat positif, inciter à suivre le traitement ad hoc. Utiliser le traitement post-exposition en cas de prise de risque (administré moins de 72 heures après la prise de risque, il permet de réduire fortement le risque d’être infecté par le VIH). Utiliser le traitement pré-exposition pour une personne dont le partenaire régulier est séropositif par exemple.
C’est ça, les nouveaux paradigmes. Dépister au plus tôt, mettre sous traitement et réduire le risque de contagion du VIH.
Dépister au plus tôt, ça veut également dire diversifier les stratégies de dépistage. C’est le deuxième point important. Certains tabous tombent. Le plan prévoit de promouvoir le dépistage rapide décentralisé (dans les bars, les saunas, les aires de drague par exemple – on prélève une goutte de sang au bout de votre doigt et le résultat est immédiat – auquel Alliàge participe déjà en accueillant Sidasol lors de nos Tea Dances), d’ouvrir la possibilité d’un dépistage démédicalisé (plus besoin d’un médecin pour encadrer le geste, une simple formation suffira) et enfin le plan prévoit la mise à disposition d’un test à domicile. Ce dernier point est sans doute le plus controversé, mais il faudra suivre la mise en œuvre du plan pour voir les conditions d’achat des home tests (en pharmacie, notice avec ressources psycho-médico-sociales en cas de test positif,…).
Un troisième volet qui nous semble intéressant est le rôle que devraient prendre à l’avenir les médecins généralistes dans la lutte contre l’épidémie. Le plan prévoit d’intégrer le VIH et les questions qui y sont liées en tant que sujet obligatoire dans le cursus de formation médicale, en ce compris l’épidémiologie du VIH, les modèles et types de dépistages, les symptômes, les comportements sexuels sûrs mais également les compétences en communication, en particulier en ce qui concerne la santé sexuelle.
La santé sexuelle. Parlons-en. Un mini sondage (n = 102) sur le site d’Arc-en-Ciel Wallonie cet été montrait que 61 pourcents des répondants ne parlaient pas du tout de leur santé sexuelle avec leur médecin. Seuls 25 pourcents abordaient tous les aspects de leur santé sexuelle avec leur médecin. Les 14 pourcents restant abordant une partie des éléments de leur santé sexuelle.
Sans être scientifiques, ces résultats sont un indice sur les difficultés rencontrées par certains patients d’aborder des questions quelques fois très intimes comme la pénétration anale, la fellation, la gonorrhée, la chlamydia ou le VIH. Et par là, la difficulté d’accéder à des informations claires et précises sur la santé sexuelle.
L’adoption de ce plan par le gouvernement est donc un signal encourageant.
Seul bémol qui incarne à lui seul toutes les résistances du secteur médical à ne plus considérer l’homosexualité comme une maladie. C’est l’approche en termes de populations vulnérables dans le langage des épidémiologistes et des institutions de santé publique en général. Chaque année, ils nous chantent le même refrain : ce sont les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes) et les migrants qui sont les principaux vecteurs de la propagation du VIH.
Mais c’est quoi un HSH. Un gay ? Un homosexuel masculin ?
Nous pensons que la supposée homogénéité de la catégorie HSH ne résiste pas à la diversité des comportements sexuels rencontrés dans la population en général. Que donc il faut changer d’angle d’approche. Que, si on attrape le VIH, ce n’est pas parce qu’on est homosexuel. C’est parce qu’on baise.
Venez nous rejoindre lors des différentes activités prévues à l’occasion du 1er décembre.
Vincent Bonhomme