Édito | Décembre 2015

La capote a longtemps été le seul outil de prévention contre le VIH-sida. Tout récemment en Belgique (mais bien avant en France et aux Etats-Unis), la première campagne faisant la promotion de la prévention combinée a été organisée par la Plateforme Prévention Sida. La prévention combinée, c’est une panoplie d’outils qui doivent permettre de prévenir les infections. Les outils annoncés dans la campagne sont au nombre de trois.

La capote

Pour la première, je ne vous fais pas un dessin, on l’enfile et elle nous confère la protection disponible la plus haute pour le moment. Avec ça, on est proche du risque zéro. Mais voilà, les campagnes capotes ont perdu de leur efficacité. On se protège moins qu’avant. Est-ce le pessimisme ambiant, les films bareback, un changement de génération, la meilleure efficacité des traitements ou une combinaison de tout ça à la fois ? Difficile à dire. Mais la capote ne suffit plus.

Le traitement

Parallèlement, les chercheurs ont observé que les traitements, en plus d’augmenter notablement la qualité et l’espérance de vie des personnes séropositives, diminuaient le risque de transmission aux partenaires en cas de prise de risque. Il y a désormais un consensus, si la personne séropositive prend correctement son traitement et que sa charge virale est indétectable, alors il y a une réduction significative du risque de transmission. C’est ça qu’on appelle le traitement comme prévention.

Le dépistage

Mais voilà, pour être sous traitement, il faut savoir qu’on est infecté. C’est là qu’intervient le troisième outil : le dépistage. Désormais, c’est ultra simple de se faire dépister régulièrement. Que ce soit lors d’une prise de sang de routine chez votre généraliste ou votre maison médicale ou par une goutte de sang prélevée au bout d’un doigt par une organisation spécialisée, en milieu festif par exemple… à peu près tout est possible. On peut même acheter un test sur Internet et le faire chez soi… dans ces conditions, nous vous recommandons tout de même de vous entourer d’un proche ou d’en informer votre généraliste ou votre maison médicale. Si le résultat est positif, il faut pouvoir gérer le choc pas forcément évident à encaisser.

Voilà les trois premiers outils. On se protège. Si on a tout de même pris un risque, on se fait dépister. Si on est positif on suit un traitement.

PEP et PrEP

Restent deux outils. Tout d’abord, le Traitement Post Exposition (TPE ou PEP pour post-exposure prophylaxis). Celui-ci est proposé dans le but de diminuer le risque d’être contaminé par le VIH après une prise de risque. Pour être efficace, il doit être commencé idéalement dans les heures qui suivent la prise de risque et au grand maximum 72 heures après. Ce traitement est lourd et fonctionne comme une trithérapie durant quatre semaines. Il permet, selon les études de diminuer le risque d’infection de 80 %.

Et enfin, la PrEP (prophylaxie pré-exposition). On en parle beaucoup en France pour le moment car, dès 2016, la PrEP sera accessible et prise entièrement en charge par la sécurité sociale. Il s’agit pour un séronégatif de suivre un traitement avant d’être exposé, ce qui réduit les risques de transmission. L’Agence française de sécurité du médicament a donné son feu vert à l’utilisation de la PrEP moyennant une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) délivrée par un spécialiste. Les conditions pour se voir formuler une RTU ne sont pas encore définies.

En Belgique

La nouvelle ministre de la santé, Maggie De Block, semble avoir enterré les travaux du plan VIH initiée par sa prédécesseur, Laurette Onkelinx. Or la Belgique est très en retard par rapport à tous ses voisins. En 2014, on affichait encore un taux de transmission de 10 pour 100.000 personnes là où la France passait sous la barre des 7 pour 100.000 et les Pays-Bas sous la barre des 5 pour 100.000.

Un engagement fort et coordonné des autorités fédérales, communautaires et régionales sera nécessaire pour inverser la tendance.

Vincent Bonhomme