C’était un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Un temps sombre pour nos communautés. Une époque où la stigmatisation, qui s’était enfin un peu atténuée grâce aux combats sociétaux, se concentrait à nouveau vers nous, nous pointant du doigt comme (ir)responsables, nous laissant mourir dans l’indifférence et la peur.
Cette année 2023 marque en effet la quatrième décennie de la découverte du virus du VIH, ennemi jusqu’alors invisible et maintenant identifié dans un laboratoire. Une trouvaille qui peut paraître anodine mais qui a été le point de départ de nombreux progrès biomédicaux, bouleversant l’épidémie et sauvant de nombreuses vies par la suite. De 10 cachets par jour permettant de survivre, nous sommes arrivé·es à une injection bimestrielle. D’un avenir brisé, nous sommes passé·es à une foule de possibilités : plus de transmission dans le couple, lors de la procréation, de la grossesse et de l’accouchement. D’une seule arme, le latex, nous avons démultiplié les options de prévention avec la PrEP, le TPE, le dépistage rapide…
Ces révolutions apportent pourtant des craintes et des questionnements. Le sida ne fait plus peur. Les gens ne se protègent plus. La PrEP n’est pas la solution pour tout le monde. Cela nous rappelle à quel point nous sommes tous·te·s différent·es. Qu’il n’existe jamais de solution miracle qui convienne à tout le monde, mais que la connaissance est la clé qui permet à chacun·e de choisir ce qui est bon pour sa santé.
Les préventions et les dépistages doivent plus que jamais être accessibles à tous·te·s, sans distinction d’origine, d’identité et de sexualité. C’est pour cela que nous avons demandé à la ville de Liège de s’engager à nos côtés afin d’accélérer la lutte contre le sida et tendre vers zéro nouvelle infection, zéro nouveau décès lié au sida et zéro dis- crimination pour 2030. En signant la déclaration de Paris avec la ville de Maastricht et d’Aachen, nous serions le premier Euregio à rejoindre les Fast Track Cities (comprenez « Villes qui accélèrent »).
En ce 1er décembre qui, depuis 1988, est synonyme de journée mondiale de lutte contre le sida, n’oubliez pas de porter le nœud rouge en signe de solidarité aux personnes décédées du sida et en soutien aux personnes séropositives.
■ Simon Englebert,
Directeur du Centre S. – Sidasol