Édito | Décembre 2016 – Le sexe, mal aimé des politiques de santé ?

J’étais gamin. Et je découvrais mon corps, comme le murmuraient pudiquement les adultes qui m’entouraient. C’est l’âge. D’après l’enquête de la RTBF, Génération quoi, 90 % des jeunes se masturbent.
Et bien sur, mon imaginaire était animé de mille et un scénarios plus excitants les uns que les autres. Et j’allais chez mon médecin traitant, pour un banal rhume. Et, mon médecin, subtilement, me mettait à disposition tout un tas d’informations sur le sexe, les pratiques sexuelles, le plaisir, les IST et les MST. C’est l’âge.

J’étais ado. Et j’avais mes premières amourettes sexuelles. Ici et là. D’après l’enquête de la RTBF, 60 % des jeunes voient le plan cul comme une rencontre qui se termine au lit, sans prise de tête.
Et je retournais chez mon médecin. Et il m’expliquait les risques de telle ou telle pratique. Et me proposait de me faire vacciner contre l’hépatite B et le papillomavirus.

J’étais jeune adulte. Et je bossais dans une grosse boite qui organisait une collecte du sang. C’est important la solidarité transfusionnelle. Moi, j’étais monogame (c’est un rêve je vous dit). Et je donnais mon sang. Comme la plupart de mes collègues.

J’étais adulte et je consultais le rapport de l’Institut scientifique de santé publique sur l’épidémiologie du VIH. Et l’Institut se réjouissait de la diminution du nombre de diagnostiques. Et proposait de renforcer les campagnes de prévention en cas de pratique de la sodomie.

Tout ceci n’est qu’un rêve.

Il n’est pas si facile que ça de parler de sexe avec son médecin, particulièrement quand on est jeune. Les protocoles sont d’ailleurs hyper stigmatisants ! L’INAMI recommande même le dépistage du VIH… quand le patient évoque qu’il est homo ! Pour les hétéros, on peut se contenter des dépistages des chlamydias et de la gonorrhée. Pas question de parler de pratiques sexuelles, de savoir s’il y a eu fellation, sodomie active ou passive, masturbation réciproque, anulingus,…

Pour les vaccins, oui, on peut être vacciné contre l’hépatite B. Par contre, pour le papillomavirus, en Belgique, il n’est recommandé que pour les filles. Pourtant, les garçons y ont droit aux Etats-Unis, en Australie, au Canada et en Autriche. La Fondation contre le cancer belge a d’ailleurs recommandé qu’une réflexion soit engagée à ce sujet.

Pour le don de sang, vous le savez, notre Ministre de la Santé, Maggie De Block l’a ouvert aux homos… s’ils s’abstiennent de relations sexuelles pendant un an. Le Conseil supérieur de la santé plaide d’ailleurs pour une amélioration du niveau de prise de conscience de la responsabilité sociale de ceux qui prennent des risques ! Traduction : l’associatif ne fait pas son boulot !

Enfin, pour le rapport sur l’épidémiologie VIH, juste un mot sur le rapport de cette année. On constate effectivement une diminution du nombre de diagnostiques depuis deux ans. Et l’Institut titre : « Léger rebond des nouveaux cas de VIH chez les HSH au niveau national après une baisse l’an dernier ». C’est le titre ! Ca vaut du Sudpresse, non ?

Pour clôturer, je vous invite à faire une petite expérience. Allez sur le site de l’Institut scientifique de santé publique qui publie le rapport (wiv-isp.be). Téléchargez le rapport en pdf. Et faites une recherche sur les mots : sodomie, anulingus, fellation, pénétration, masturbation,… étonnant non ? On parle bien de sexe ?

Vincent Bonhomme