C’est un fait, l’Europe vacille. Si notre édito de l’été amène toujours un vent de fraîcheur et de légèreté bienvenu, il est difficile de passer sous silence les résultats des élections européennes du mois de juin dernier. En France, le Rassemblement national a recueilli 31,37 % des suffrages à l’issue du scrutin du dimanche 09 juin 2024. Avec un tel score, la liste emmenée par Jordan Bardella représentera la plus importante délégation d’un parti national dans le futur Parlement européen, avec près de 30 sièges. Avant que de nouvelles élections législatives anticipées, attendues pour le début de l’été, ne viennent plonger le pays un peu plus loin dans l’incertitude… Car, avec l’extrême-droite au pouvoir, les droits des personnes LGBTQIA+ sont toujours perdants. On le voit en Italie, où Giorgia Meloni a interdit, par une circulaire, l’enregistrement de deux mères pour un même enfant. En Hongrie aussi, où Viktor Orbán s’est op- posé au changement de la mention du genre et au refus de mentionner l’existence des personnes LGBTQIA+. Ou encore en Pologne, où le gouvernement d’extrême droite a laissé proliférer, dans tout le pays, des zones neutres, vierges de toute « idéologie LGBT ».
En Belgique aussi, la montée des extrêmes fait peur. Les dernières élections l’ont également prouvé. En Flandres, le Vlaams Belang a atteint un nombre record de voix, arrivant, lui aussi, en tête du vote européen. Avec, en ligne de mire, encore une fois, une politique inquiétante pour les droits des personnes LGBTQIA+. Çavaria, la coupole flamande de défense des personnes LGBTQIA+, a déjà tiré la sonnette d’alarme dans la presse du nord du pays en demandant aux partis vainqueurs de ne pas s’allier avec l’extrême-droite, craignant, si pas un recul des droits, une opposition ferme à toute avancée en la matière. On pense là à l’arrêt pur et simple des discussions autour de la loi interdisant les opérations chirurgicales non nécessaires sur les mineurs intersexes ou encore à la fin des réflexions autour d’un possible encadrement légal pour la GPA (gestation pour autrui). La campagne du 17 mai, menée de front par la Fédération Prisme et par les Maisons Arc-en-Ciel de Wallonie, invitant les communes a hissé le drapeau arc-en-ciel en l’honneur de la journée internationale de la lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, a dé- voilé quelques failles. Sur 262 communes wallonnes, seulement 113 ont participé. En comparaison, et de manière peut-être un peu inattendue, la Flandre enregistre, elle, un taux de participation avoisinant les 99%. Plus proche de nous, dans la Province de Liège, les chiffres sont en baisse également, où l’on dénombre seulement 35% de participation contre 46% enregistrés l’an dernier. Un chiffre décevant, accompagné par deux événements qui ont entaché la campagne : la destruction d’un drapeau arc-en-ciel sur le territoire de la commune d’Awans et le refus, avoué ou non, de certaines communes à hisser le drapeau en invoquant le principe de neutralité… Tous ces éléments nous inquiètent, mais ne doivent pas ternir notre unité et notre solidarité. En été comme pendant toute l’année, restons vigilant·es quant aux discours discriminatoires et continuons d’œuvrer, tous·tes ensemble, pour une société plus inclusive et plus égalitaire pour tous·tes.
■ Marvin Desaive
Rédacteur en chef