Édito | Février 2019

En clair, sans se monter le chou, il est aujourd’hui possible de dire que notre pays a très largement progressé sur le chemin de la lutte contre l’homophobie au sens large. Pourtant les vents soufflant de toutes les directions nous apportent toujours un peu plus l’amer parfum des conservatismes en tout genre. Pas besoin de les citer tous vous les connaissez déjà tous ces Hongrois, Polonais, Français ou Italiens qui ont préféré le chemin de la haine… Cette haine qui peut très vite mener à l’horreur. De nouveaux rapports venus de Tchétchénie nous en donnent un tout petit aperçu. Il est temps que l’Europe réagisse. C’est pour l’y enjoindre qu’Amnesty international a mis en ligne une nouvelle pétition qui est accessible via notre page facebook. Il est essentiel que vous la signiez ! Chez nous bien sûr, comme je l’écrivais plus haut, et c’est heureux, la situation est bien différente. Pour autant, il ne faut pas croire que la guerre soit finie. Les vents peuvent rapidement tourner si nous n’y prenons pas garde. C’est pour ça que chaque année, nous mettons en avant une revendication, une thématique qui servira de point focale à notre action militante et qui sera au coeur de la Belgian Pride du 18 mai prochain. Cette année, le thème qui sera abordé est celui de l’intersectionnalité. Mais qu’est ce qui peut bien se cacher derrière un mot aussi barbare ? L’idée centrale derrière ce concept est simple. Nous sommes tous des êtres uniques, carrefours de nombreuses identités. Tenez moi par exemple, je suis un homme, homosexuel et d’origine italienne. Si j’ai pu subir de nombreux exemples de discrimination dans ma vie c’est vraisemblablement et essentiellement parce que je suis homosexuel. Dans d’autres cas que le mien, ce sont des identités plus difficiles à vivre qui peuvent se combiner ainsi une femme noire et lesbienne sera possiblement discriminée trois fois plus pour son genre, son orientation sexuelle et/ou sa couleur de peau. Cette personne sera alors dite intersectionnelle. Le message militant que nous cherchons à faire passer à nos dirigeants mais aussi dans la société en général est que ce n’est qu’en luttant de front contre toutes les discriminations que nous ferons réellement progresser la société. Ainsi par exemple, lutter contre l’homophobie n’est pas suffisant si on laisse la haine raciale s’installer ou encore, lutter contre la lesbophobie n’a aucun sens si nous maintenons un schéma sociétal misogyne et patriarcal. L’autre message que nous cherchons à faire passer. S’adresse plus spécifiquement aux hommes. Lorsque l’on nait homme et blanc, nous jouissons sans même nous en rendre compte d’énormes avantages dans la vie. Il faut en prendre conscience, non pas comme le voudraient certaines s’en sentir coupable, mais plutôt utiliser ces avantages pour mettre en avant ceux/celles qui ne les ont pas. Le thème de cette année, est un besoin. Il est une prise de conscience. Il est un cri. Notre société est diversifiée. Nous sommes diversifiés jusqu’au plus profond de nous-même. Prenons en conscience, faisons que la société en prenne conscience et comme j’aime à le dire, ensemble changeons le monde.

Cyrille Prestianni