Il a la peau douce.
C’est important la peau. Son grain, ses reliefs, son odeur, ses recoins. Le sable atteint des températures insupportables pour la plante des pieds. Sauf par endroit. A proximité de la mer et de ses vaguelettes. Et à l’ombre des buissons et arbustes clairsemés qui garnissent le littoral et l’immédiat arrière-pays.
Il a la peau douce et ses gémissements étouffés se mêlent à la musique des insectes. Il est face contre terre et je suis sur lui. Quelques ombres nous entourent désormais, attirées par le bruit et notre impudeur.
Je suis en lui. Peau contre peau. Nos râles s’intensifient. Les vacances commencent bien.
La semaine précédente, j’étais en Belgique. A Anvers. A l’Institut des médecines tropicales. Un endroit horrible. Je déteste les hôpitaux et les médecins. Surtout quand il s’agit de sexe. Ils ont toujours, tout le temps, ce petit regard un brin condescendant et moralisateur. Tout l’endroit est organisé pour te faire flipper.
Eux sont en bonne santé. Et chaque regard, chaque geste, te renvoie à toutes les inconséquences, toutes les erreurs de parcours que tu as pu commettre, dans un sauna, une backroom ou une plage.
Je n’ai pas toujours de capote avec moi. Je ne suis pas toujours sobre.
Et j’en ai marre de flipper.
Alors du coup, avant la plage, les grains de sable, les grains de peau et ce bel inconnu qui suffoque à mes coups de bassin, je suis passé à Anvers. Ils testent la PrEP là-bas. C’est un traitement préventif. Ca réduit les risques de transmission du VIH si tu sais que tu vas prendre des risques.
Et si je suis pragmatique, je sais que je vais en prendre. Même si j’essaye de faire attention. Au maximum. Je sais que la peur de chopper une saloperie, quelques fois, s’évanouit face au désir et au plaisir.
Il a la peau douce.
Et l’autre aussi d’ailleurs. Ils ont un chouette appart. Avec des formes bizarres. Mais chouette. C’est marrant. Je n’aurais jamais pensé me retrouver dans cette situation. Deux amants. Rien que pour moi.
La chambre est silencieuse. Ca sent encore un peu le sperme et la bestialité. Je somnole. Je plane complètement. Le souffle du plus grand me chatouille délicieusement l’oreille.
Il me murmure : “Je me suis fait dépister hier. Tout est ok”.
Le soulagement monte en moi en même temps que l’angoisse de la conscience d’avoir pris un risque.
On n’en a pas parlé avant. Pourtant, depuis le temps qu’on couche à trois, on a laissé tomber la capote. A force, sans même s’en rendre compte, le confort d’une relation à trois presque conjugale m’a fait un peu oublier les IST.
Je ne réponds pas.
Je pense à moi. Je pense à son mec. On aurait peut-être dû anticiper. Est-ce que je suis totalement clean ? Je redoute un peu la question. Je suis quasi certain de l’être. Mais en même temps, j’ai revu mon ex. J’ai pas envie de leur en parler. J’ai pas envie de savoir ce qu’ils font sans moi et j’ai pas envie de déballer ma vie avec mon ex. J’ai confiance en lui. Et j’ai confiance en eux.
Erf. Faudrait que j’aille faire un test. Le dernier commence à dater.
Il a la peau douce.
Et cette lumière tamisée lui va à ravir. Il est encore plus craquant que dans la pénombre du hammam.
Il a une queue magnifique. J’ai jamais trouvé les pénis esthétiques, mais le sien, c’est différent. Droit comme un “i”. Elancé. Prêt à me parcourir.
Son regard est plongé dans le mien. La moiteur de nos corps sur la couche de la cabine fait un bruit de succion reconnaissable entre mille.
Il est à l’entrée de moi. Sur le seuil. Son désir tout prêt à se transformer en plaisir.
Et hop. Ma main droite attrape le bout de latex. Il est ouvert. Il glisse sur sa verge.
Je suis prêt à l’accueillir.
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Préservatif, dépistage, traitement, traitement pré-exposition, traitement post-exposition,… amour, sexe, caresse, plaisir. C’est bientôt l’été.
Santé !
Rappelez-vous : Sida Sol vous informe sur les IST, les dépistages… au 04/366.96.10 et il y a toujours des capotes et du lubrifiant à la MAC