Édito | Juillet 2018

« Il fait chaud… », « quel bruit étrange que celui de mes tongs dans le sable », « tiens, j’ai un peu soif », « faudrait peut-être que j’y aille », « il n’y a personne, ça ne sert à rien… Ça fait 2 heures que je marche tout seul ici », « ô attends voir… voilà quelqu’un ! Il est pas mal celui-ci ! Bon, je le suis on verra bien ! »…

Les dunes, ici ou ailleurs, c’est d’abord l’attente… La chasse qui commence. Les dunes c’est primitif, on guette, on traque, on suit, on se précipite. Les dunes, c’est aussi les regards… Ces coups d’œil échangés qui disent tout. C’est le regard froid qui veut dire « casse toi, tu es moche ». C’est le regard distant qui dit « attend un peu, je viens d’arriver ». C’est le regard brillant qui dit « suis moi… Tu me plais ».

Les dunes, c’est ce moment étrange, fugace, quasi inexistant, comme suspendu dans le temps, celui où caché derrière un buisson on s’évalue ; celui où on se dit, « qui es-tu ? », « qu’aimes-tu ? » ; celui où on détaille les courbes, la forme des muscles, le bronzage, les yeux, les lèvres. Ce moment, c’est le maillot qui devient soudainement insupportable ou qui devient le dernier rempart…

Les dunes, c’est ce premier geste, cette main qui caresse tantôt le biceps bien tracé, tantôt la fesse généreuse. Ce sont ces mouvements qui s’accélèrent. Ces corps qui se touchent presque entièrement, chauds, trop chauds , chauds de l’effort et gorgés de soleil. Les dunes, c’est le goût de cette peau. Le goût de la crème solaire qui rend tout si doux, si satiné, le goût du sel, pas celui de la mer, pas celui de la sueur, mais les deux…

Les dunes, c’est aussi les regards… Ceux des autres, les nouveaux, les moins chanceux, les beaux mecs… Ce sont aussi les nôtres, ceux qui disent « non pas toi, laisse nous… », ceux qui disent « viens… Tu nous plais ». Les dunes, c’est étrange. C’est un jeu, une danse évolutive qui se joue à deux, à trois, à plus… Les dunes, se sont des corps, des mains, des fesses, des queues… Les dunes, ce sont des odeurs, celle des corps, celle du sable brûlant, celle des arbres, celle de la mer… Les dunes, c’est une nouvelle odeur, un parfum étrange qui les résume tous…

Les dunes, c’est la sensualité, c’est la frénésie, la bestialité, l’abandon… La liberté…

Cyrille Prestianni, président