Édito | Juin 2015

La Pride 2015 a été un beau succès. 80.000 personnes dans les rues de Bruxelles (malgré un petit crachin début d’après-midi), des relais médiatiques en cascade, une présence et des annonces politiques intéressantes. Petit tour d’horizon.

Au fil des ans, l’attention médiatique accrue autour du 17 mai et de la Pride ont transformé ces rendez-vous en incontournables rendez-vous politiques. Il faut dire que la couverture médiatique a, elle aussi, peu à peu, évolué. Il y a à peine quelques années d’ici, les journalistes se contentaient de regarder passer les chars, décrivaient les plumes, pointaient le cuir et le latex.
Cette année, l’approche a un peu changé. Cette année, les journalistes ont regardé passer les chars, ont décrit les plumes, ont pointé le cuir et le latex… mais ils ont aussi parlé de politique.
Cela a commencé avec la venue de la plateforme américaine Men having babies et la gestation pour autrui (GPA, les mères porteuses). Les débats qui ont lieu au Sénat ont été évoqués et on a pu voir partisans et opposants à la GPA (commerciale ou altruiste) s’écharper dans Mise au Point le dimanche suivant la Pride.

Ensuite, côté politiques régionale et communautaire, chacun s’est positionné. La Région wallonne a annoncé l’adoption des arrêtés d’exécution du décret Maison Arc-en-Ciel. Celui-ci devrait porter ses fruits à partir de 2016 (enfin !). Et côté Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est le décret anti-discrimination qui a été modifié pour assurer une meilleure protection des personnes transgenres. Le tout a été largement relayé par la presse.

Au fédéral… on est plus en peine à voir poindre une initiative politique intéressante sur les thématiques LGBT. La Secrétaire d’Etat à l’Egalité des Chances semble favorable à une correctionnalisation des délits de presse liés à tous les types de discrimination (c’est déjà le cas pour les délits de presse racistes, ce qui améliore le traitement des plaintes en la matière). Mais pour mettre en œuvre cette mesure, il faudrait… réviser la Constitution. Et – cette initiative venant d’une Secrétaire d’Etat N-VA – difficile de ne pas imaginer un agenda caché là derrière.

La N-VA. Justement. Ce parti a aussi été au cœur de l’attention médiatique dans les jours qui ont précédé la Pride. La RainbouwHouse de Bruxelles (l’équivalent d’Arc-en-Ciel Wallonie à Bruxelles) a sorti un communiqué demandant à la N-VA de réfléchir à ses valeurs. Depuis quelques années, la N-VA est présente sur la Pride avec un char (comme d’autres partis politiques). Le problème, c’est que la Pride est une fête de la diversité dans son ensemble. Pas question de fêter les LGBT et d’en stigmatiser d’autres.

Le grand absent de cette année. C’est celui que, pourtant, les associations réclamaient le plus : un nouveau plan de lutte contre l’homophobie. Le plan adopté lors de la précédente législature est pour ainsi dit resté lettre morte. Des bruits de couloir nous avaient informés que le fédéral consultait les entités fédérées en la matière… mais nous n’avons encore rien vu venir à ce jour.

Voilà pour la Pride et le 17 mai, côté politique et médiatique. Côté associatif, beau succès aussi pour notre opération drapeau arc-en-ciel dans les communes liégeoises. Au moment de rédiger ces lignes, nous en sommes toujours au décompte du nombre d’Hôtels de Ville qui ont hissé le drapeau arc-en-ciel sur leur façade pour le 17 mai, mais les photos qui nous sont revenues montrent que cette opération suscite, pour la deuxième année, un certain enthousiasme (voir notre profil Facebook).

De nombreuses autres initiatives ont montré une fois de plus la vivacité de la vie associative LGBT à Liège et c’est tant mieux ! Le mois de mai 2015 restera dans les mémoires comme un très beau rendez-vous, festif, associatif, médiatique et politique.

Vincent Bonhomme