Édito | Juin 2018

« Je ne suis pas une femme, mais je hais le patriarcat. Je ne suis pas noir-e, mais je hais le racisme et la xénophobie, je ne suis pas trans, mais je déteste la transphobie ! » C’est par cette phrase que se terminait le discours d’ouverture de la Belgian Pride 2018. Apolitique, elle n’en reste pas moins militante. Sans couleur, elle est un positionnement fort, quasi un motto… Un symbole.
Ces vingt dernières années sont marquées par la prise de conscience, au sein de nos mouvements, de notre propre diversité. Il suffit de constater la multiplication des sigles : LGBTQIA… Au début des années 2000, on parlait encore de Gay Pride, un peu plus tard de Belgian Lesbian and Gay Pride ensuite de Pride for Everyone et maintenant de Belgian Pride. Une prise de conscience lente et peut-être douloureuse pour certains, mais en tout cas nécessaire.
Militant par essence, j’ai tendance à tomber dans un des écueils classiques qui en procède. Entouré.e de gens qui nous comprennent, nous soutiennent, nous suivent et nous « like », il est facile de vivre convaincu.e de détenir la vérité et que ce sont les autres qui se trompent. C’est aussi le fait de Facebook qui a tendance à amplifier certains faits au sein d’une communauté, alors qu’ils sont invisibles pour le reste de la population.
Les dynamiques militantes génèrent des bulles « communautaires ». Des microcosmes sous tendus par des règles, des combats et des prises de positions. De l’ordre de la profession de foi, l’appartenance à un mouvement est idéologique voir convictionnelle et parfois/souvent se teinte d’une forme de radicalité. En clair, c’est parce que nous y croyons que nous nous battons.
Complexes, nous sommes souvent le cœur d’identités diverses qui cohabitent et nous définissent. La plupart d’entre nous évoluent dans plusieurs bulles militantes que nous tentons de concilier. La prise de conscience de la diversité au sein de nos mouvements s’accompagne aussi de la compréhension de la diversité de nos idées qui sont autant de bulles militantes, tour à tour cohabitant, synergisant et parfois s’opposant.
Ce qu’on appelle l’intersectionalité et c’est sans doute l’un des plus grand défi à venir pour toutes nos associations, pour nous tou.te.s ! Aucun combat militant n’est vraiment isolé… Migrant.e.s, féministes, transgenres, gays, lesbiennes et beaucoup plus… Il nous faudra lutter contre les forces divergentes internes ou externes. Il est à présent temps de réaliser ce que l’on appelle « la convergence des luttes ». Ce qui nous sépare est bien moins important que ce qui nous uni. Ce n’est qu’en tendant des ponts que l’on se renforce ! Alors comme j’aime à le répéter : agissons, militons, construisons ensemble demain ! Nous avons changé les lois, changeons la société, changeons le monde !!!

Cyrille Prestianni