Édito | Mai 2013

Quand les médias nous montrent le superbe carnaval de Rio, avec ses kilomètres de corps dévêtus (et je ne parlerai même pas de la criminalité qui l’accompagne), on évoque le folklore, voire la tradition culturelle ; mais quand il s’agit de la Pride, le discours est tout différent.

Un « deux poids, deux mesures » qui joue en notre défaveur, entretient et alimente les commentaires du style « c’est de la débauche, de la provocation, de la vulgarité,… », »ce n’est qu’un défilé de folles, de plumes, de chair, voire de débauche »… et ce, autant par des gays que par des hétéros ! Certains suggérant même qu’une association comme la nôtre ferait mieux d’organiser un grand souper spaghetti en faveur du Télévie, sans doute pour donner une belle image d’homosexuel-le-s généreux et charitables…. histoire de se rendre encore plus lisses (voire invisibles) pour être accepté-e-s par la société plutôt que d’essayer d’élargir ce que cette société accepte.

Que des hétéros, par mauvaise foi ou par méconnaissance, aient une vision assez limitée de la Pride, j’ai envie de dire « Passe encore ». Mais quand il faut convaincre les homos de son utilité, c’est dommage. Cela démontre que le débat archaïque sur ce qui serait une homosexualité respectable ou non se joue encore et toujours même parmi les gays et lesbiennes.

Alors, pour toutes et tous, petites infos utiles …

La première pride (28 juin 1970) est organisée pour rappeler les émeutes qui suivirent une descente des plus musclées des forces de police au Stonewall Inn un an plus tôt. A l’époque, le fait de porter des vêtements socialement réservés à l’autre sexe est sévèrement réprimé et puni d’emprisonnement. Et les premiers à se révolter ce jour là sont des travestis.

La Pride est, dès ce moment-là, l’occasion pour la « communauté LGBT » de s’arroger un droit de visibilité et de revendiquer l’abolition de discriminations législatives et sociales dont elle est la victime.

Ensuite, la bannière arc-en-ciel, sous laquelle nous nous reconnaissons, évoque la diversité des orientations sexuelles et identités de genres.

Et à Bruxelles ?

Comme ailleurs, nous serons là pour faire la fête mais aussi pour affirmer le droit de chacune et de chacun à vivre sa vie (y compris sa sexualité) en toute liberté.

Cette année, ce seront les familles homoparentales qui seront au centre des revendications. Les enjeux sont multiples: demande d’une législation sur la gestation pour autrui, possibilité de reconnaissance d’un enfant par deux mères ou deux pères, reconnaissance d’un statut de « parent social », lutte contre les discriminations toujours existantes dans l’accès à la parentalité pour les couples homoparentaux, notamment dans le chef de certains organismes agréés d’adoption ou centres de fertilité.

Tout ceci étant, le vrai visage de la Pride, c’est vous, c’est nous. Quiconque va au défilé pourra objectivement dire que le public est déjà multiple. A côte des plumes, de l’adepte du harnais de cuir et du chap’s, il y a des mecs, des filles, des jeunes, des vieux, des travestis, des types en jeans, des couples à trois, des familles à deux enfants, des fêtards, des révolutionnaires… Petit secret: y’a même des hétéros qui viennent nous soutenir !

Si vous trouvez que cela ne vous représente pas assez, raison de plus pour y venir, pour ajouter votre voix, pour montrer qu’il y autant de diversité chez les homos que chez les hétéros. Et surtout pour s’unir ensemble dans un combat pour plus d’égalité dans notre société. Car c’est ça aussi la Pride.
De plus, depuis deux ans, la Pride est devenue le deuxième évènement « touristique » dans notre capitale.

Alors, que ce soit pour le plaisir, pour revendiquer, pour vous y montrer, pour pouvoir dire »j’y étais », pour être « ambassadeur » d’Alliàge ou pour tout cela à la fois …. Pride ou pas Pride ?

Hugues Hospital
Jean-Pierre

Au cours de l’A.G. du 24 mars dernier, Jean-Marc Boden, Nicolas Di Chiara et Jean-François Pondant nous faisaient part de leur décision de mettre un terme à leur « carrière » d’administrateur.
Le conseil d’administration qui s’est réuni par la suite tient à les remercier pour leur engagement et leur implication tout au long de leur mandat : relations avec d’autres associations, organisation de la Maison Arc-en-Ciel, renforcement de l’accueil, relation avec les autorités, la police, gestion rigoureuse… Bref, ce qui a permis à Alliàge de poursuivre son action.

C’est en m’inspirant de ces exemples avec l’aide de mes collègues administrateurs et des permanents que j’assurerai la fonction de président qui m’a été confiée par le nouveau CA en place.

Je vous souhaite à toutes et à tous de bonnes « Semaines Arc-en-Ciel » et une Pride colorée, diverse, militante et festive.

Hugues Hospital