Édito | Mai 2019

La Fondation Ihsane Jarfi est un très bel outil pour collecter des fonds privés et les mobiliser autour de nouveaux projets de lutte contre l’homophobie. Grâce au soutien précieux du Théâtre de Liège, de l’Orchestre royal philarmonique de Liège et de l’Opéra royal de Wallonie, nous sommes en capacité d’organiser, chaque année, un grand gala en l’hommage d’Ihsane Jarfi et au profit de notre Fondation.

Depuis 2017, le Conseil d’administration de la Fondation a décidé de se lancer dans la création d’un Refuge à Liège. L’idée centrale du Refuge est d’organiser un accueil d’urgence pour les jeunes qui sont mis à la porte de chez eux lorsqu’ils font leur coming out en famille.

La première phase, qui a duré environ un an, a été de voir ce qui existait déjà. On sait que l’associatif LGBT est régulièrement confronté à des demandes de jeunes. Je l’avais moi-même été du temps où j’étais président de la Maison Arc-en-Ciel de Liège – Alliàge. J’avais été surpris de constater à quel point les jeunes faisaient davantage confiance au secteur associatif qu’au service public. Et j’ai toujours trouvé ça problématique, non pas que l’associatif soit identifié comme un relai de confiance, mais bien que les services publics existants ne le soient pas.

Car en fait, des services publics d’hébergement d’urgence pour les jeunes, ça existe. C’est notamment le cas dans les départements de l’aide à la jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais ces services n’ont pas développé de réflexion à l’égard des jeunes LGBT et, malgré l’adoption d’un tout nouveau code de l’aide à la jeunesse, nous avons fait chou blanc de ce côté.

Nous avons également regardé du côté de la Région wallonne. Il y avait une volonté politique de soutenir notre initiative, mais les structures existantes dans les départements de l’aide à la personne étaient trop éloignées de notre objectif.

Nous aurions pu mener notre projet en nous cantonnant à une initiative privée comme c’est le cas ailleurs. Mais comme je l’ai dit, je pense que c’est également le rôle des pouvoirs publics de répondre à cette problématique.

Nous nous sommes alors tournés vers la Ville et le CPAS de Liège. Et je suis assez heureux de vous annoncer aujourd’hui que ça a fonctionné. Depuis ce 1er mai 2019, c’est la Ville de Liège, via sa Régie foncière, qui nous met en location un appartement à proximité du centre ville. Ce logement est la première étape. Elle est indispensable. Et nous avons déjà en tête d’approfondir notre collaboration avec la Ville, mais ne brûlons pas les étapes.

Depuis ce 1er mai, nous allons pouvoir aménager l’appartement et tout mettre en oeuvre pour qu’il soit disponible et accueillant le plus rapidement possible.

La deuxième étape importante est celle de l’accompagnement social. Bien entendu, l’associatif LGBT a ici un rôle à jouer. Mais à côté de cet accompagnement associatif, il y a des missions qui doivent être prises en charge par un opérateur public. Je pense, par exemple, à la constatation d’une rupture parentale, au fait d’actionner des débiteurs alimentaires ou encore à la prise en charge d’aspects purement liés à l’entretien d’un bien immobilier. Et là, le CPAS de Liège, dont la nouvelle déclaration de politique sociale insiste sur les partenariats, a un potentiel qui nous est apparu comme extraordinaire.

Voici où nous en sommes au moment où j’écris ces lignes. Nous espérons vivement pouvoir vous annoncer d’autres bonnes nouvelles, le 11 mai prochain, lors de notre repas caritatif à l’Ecole d’hôtellerie et de tourisme de la Ville de Liège. N’oubliez pas de vous y inscrire, ce sera une belle occasion de faire le point sur le Refuge à Liège… et ses deux jambes, la Ville et le CPAS de Liège.

Vincent Bonhomme, administrateur délégué de la fondation Ihsane Jarfi