Comme on l’entend souvent, au mois de mai, fais ce qu’il te plaît. Il est vrai que la période du début du printemps est en effet souvent propice à l’hédonisme : on se régale des premières lueurs matinales du soleil, on se surprend à déborder d’énergie dès le saut du lit, on ne rate pas la moindre occasion d’arpenter les parcs et jardins liégeois, on se permet, enfin, de lâcher prise et de prendre un peu de temps pour soi, avant de déjà planifier les premiers projets estivaux. On se reconnecte, on se retrouve, on se rassemble. Pour le monde associatif LGBT, le mois de mai est indissociable d’un événement fondamental de notre engagement : la Belgian Pride. Celle qui, depuis les années 80, descend dans nos rues et qui, au son de la musique certes, mais surtout des drapeaux, des slogans et des cris, revendique les grandes avancées de demain. Car, au-delà de la fête, une Pride reste un moment de « fierté », où tout un chacun exprime son identité, sa force et sa normalité.
Et c’est bien tout le propos de la Belgian Pride, devenue cette année la « Brussels Pride – The Belgian & European Pride » qui, à travers son slogan « Protect the Protest » (Protéger le droit à manifester), entend bien rassembler pour sauvegarder ce droit à descendre dans la rue. Un droit qui, comme le rappelle Amnesty International, à l’origine de cette campagne, se retrouve régulièrement en danger ici même, en Europe. Rien que l’année dernière, les incidents qui sont venus ternir ces journées pacifiques se sont multipliés. On se souvient notamment des turbulences qui ont émaillés le cortège de la Pride de Bordeaux, prise d’assaut par un groupuscule d’extrême-droite alternant insultes, saluts nazis et banderoles au slogan d’un autre temps : « Protégeons les enfants. Stop folie LGBT ». Au Liban, souvent considéré comme le pays le plus ouvert du monde arabe, la journée des fiertés 2022 a tout simplement été interdite sous la pression de la plus haute instance religieuse sunnite. Impossible également de passer à côté des 200 arrestations qui ont terni la Pride d’Istanbul, alors que le défilé n’avait même pas encore commencé. Quant à la ville d’Oslo, elle a essuyé une véritable tragédie après l’attentat meurtrier ayant frappé la communauté LGBT, faisant deux morts et plus d’une vingtaine de blessé·e·s, la veille du début du cortège…
Toutes ces perturbations, qu’elles soient géographiquement proches ou éloignées, doivent nous rappeler que rien n’est jamais acquis et que tout peut être remis en question par une poignée d’idées nauséabondes ou de personnes plus ou moins influentes. Ainsi, profitons de ces moments de ralliement et de communion pour protéger nos droits pour protéger nos Prides et pour protéger notre communauté.
■ Marvin Desaive,
Rédacteur en chef