À l’occasion de ce 8 mars, journée internationale des droits de femmes*, la MAC s’interroge : qu’en est-il aujourd’hui en Belgique ? Si les mobilisations et les combats féministes semblent avoir gagné plusieurs batailles au cours des dernières décennies, la lutte pour les droits des femmes* n’est pas pour autant terminée…
Il est vrai que, depuis le 27 mars 1948 (date à laquelle le droit de vote a été accordé aux femmes*), la situation n’a cessé d’évoluer en Belgique. Pensons, entre autre, à l’engagement de l’État pour l’égalité des salaires (1952, 1965, 1971, 1975), au vote de la loi pour l’égalité entre époux·ses (1958), à la création du premier centre de planning familial (1962), à la grève de milliers de travailleuses de l’Usine d’Herstal (1966), à la protection des travailleuses enceintes (1969), au vote d’une loi sur l’égalité parentale (1974), à la tenue du Tribunal international des crimes contre les femmes à Bruxelles (1976), à l’obtention du droit d’ouvrir un compte sans l’autorisation du conjoint (1976), à la création de l’Université des femmes (1979), à la dépénalisation partielle de l’IVG (1990), à la création d’un conseil pour l’égalité des chances (1993), à la première nomination d’une ministre de l’Égalité des chances au sein du gouvernement flamand (1995) ou encore à la création de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (2002).
La loi sur la procréation médicalement assistée (2007) a également permis l’accès à la reproduction non seule- ment aux femmes seules, mais aussi aux couples lesbiens et aux hommes transgenres, ce qui n’est toujours pas le cas dans les pays voisins, notamment en France. Durant l’an- née 2023 encore, la Belgique a vu ses lois évoluer favorablement. Ainsi, trois nouveaux centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles ont ouvert. La loi anti-discrimination a été revue et améliorée pour prendre en compte les discriminations intersectionnelles (à l’intersection du genre et d’autres discriminations comme le racisme par exemple).
Tant de victoires que l’on peut compter et dont nous pouvons nous réjouir. Et pourtant, la bataille pour l’égalité de genre semble encore bien loin d’être terminée… Par exemple, la lutte pour l’égalité des salaires dans les faits est toujours d’actualité, mais aussi celle pour le droit à disposer de son corps, l’accès libre et sûr à l’IVG ou à la PMA reste un combat permanent, notamment dans de nombreux pays d’Europe où les droits des femmes* reculent, mais également en Belgique où la proposition de loi pour une dépénalisation totale de l’IVG de 2020 est toujours en attente.
La précarité économiques est toujours une réalité plus prégnante pour les femmes* (pensions, accès aux métiers). Les violences physiques et sexuelles restent encore une réalité bien trop présentes. Ainsi, dans la société, les femmes* bisexuelles, pansexuelles et lesbiennes, et dans une plus grande mesure encore les femmes trans- genres, sont plus à risque de subir des violences sexistes et sexuelles que les femmes hétérosexuelles et cisgenres. Elles doivent donc être davantage visibilisées au sein des luttes LGBTQIA+. Par ailleurs, s’il est vrai que la Belgique peut jouir d’un cadre légal protégeant les droits des femmes*, il est important de rappeler que l’évolution légale n’est pas forcément liée à une évolution des mentalités dans la société. En effet, ces mêmes lois peuvent être menacées par la montée au pouvoir de politiques ultra-conservatrices (comme nous l’avons vu avec la remise en question du droit à l’IVG,par exemple, aux Etats-Unis, et même dans des pays européens proches). D’autre part, nombre d’inégalités sont maintenues par des stéréotypes, des rapports de pouvoir, et des représentations. Dès lors, la lutte pour les droits des femmes* ne peut se faire sans un changement des imaginaires lié au genre et à la binarité masculin/féminin encore trop enracinée.
C’est pourquoi au sein des associations de lutte pour les personnes LGBTQIA+ telle que la nôtre, la question des droits des femmes* ainsi que celle des violences sexistes et sexuelles doit rester une de nos priorités. Ainsi, au sein de la MAC, les groupes la MAC au féminin et les Ardentes MOGII proposent des moments de détente et de partage en non-mixité pour les personnes sexisées et marginalisées au niveau du genre. Les luttes pour l’égalité de genre nous concernent tou·te·s, et la vigilance et la solidarité restent de mise face à des forces politiques grandissantes qui, sans surprise, s’attaquent conjointement aux droits des femmes* et des minorités.
* toute personne s’identifiant comme femme ou personne vivant des situations de discrimination liées à son genre perçu.
■ Bastien Bomans, Ma Kill & Constance Marée,
Administrateur·ices de la Maison Arc-en-Ciel de Liège