Édito | Novembre 2023

L’espoir semble enfin renaître en Pologne. Cela fait en effet plusieurs années que les personnes LGBTQIA+ sont violemment ciblées par les différents élu·e·s du parti Droit et Justice, parti nationaliste et conservateur à la tête du pays depuis les élections législatives de 2015. On se souvient qu’en 2019, une centaine de collectivités locales avaient défrayé la chronique en faisant de leurs territoires une zone « anti-idéologie LGBT », poussant les leaders de ces municipalités à s’abstenir de toute action visant à encourager la tolérance à l’égard des personnes LGBTQIA+. À côté de ça, les actes de violence ne cessaient de s’accumuler partout dans le pays. Prides attaquées, propos homophobes et discriminants tenus par des élu·e·s politiques, désinformation et fake news insidieuses, interdiction des cours de sensibilisation dans les écoles, acharnement judiciaire à l’encontre des personnes LGBTQIA+… Une situation particulièrement anxiogène, qui avait conduit à la dégringolade du pays dans le très sérieux classement 2023 d’ILGA-Europe, faisant de la Pologne l’un des pires élèves européens en matière d’avancée et de défense des droits des personnes LGBTQIA+.

Pourtant, depuis quelques semaines, les revers se sont accumulés pour l’extrême droite polonaise. Au mois de mai, la Commission européenne avait confirmé, par l’intermédiaire d’un communiqué, qu’elle ne verserait pas le moindre euro aux municipalités qui se revendiquaient vierge de toute idéologie LGBT, rappelant dans la foulée qu’il était inconcevable que des territoires ne respectant pas les valeurs de l’Union européenne bénéficient d’une quelconque aide financière. En juin dernier, c’est une grande marche de soutien aux personnes LGBTQIA+ qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans la capitale, unies pour faire mur à la droite traditionnelle. Le maire de Varsovie, issu de l’opposition libérale, avait saisi l’occasion pour prendre la parole et réaffirmer son soutien à la communauté LGBTQIA+, qui serait toujours en sécurité dans la capitale polonaise.

Finalement, ce sont les élections du mois d’octobre qui ont sonné le glas de la droite conservatrice. Confirmant les sondages, les trois partis d’opposition sont sortis grands vainqueurs du suffrage électoral et ont réaffirmé leur ambition à réformer la politique insécurisante du pays et à ouvrir la voie à de nouvelles possibilités d’avenir pour les personnes issues de notre communauté.

Un renouveau qui devrait ramener la Pologne sur la voie de la démocratie, avec un système judiciaire réformé, une liberté de la presse retrouvée et de nouvelles libertés conférées aux minorités. Une lueur d’espoir pour le pays tout entier, qui envisage ainsi de tourner la page d’une des périodes les plus rudes de son histoire, en offrant enfin à la communauté LGBTQIA+ l’occasion de vivre libre et d’aimer, en toute sérénité.

■ Marvin Desaive,
Rédacteur en chef