EVRAS. Cinq lettres qui, en ce début d’année scolaire 2023-2024 ont mis le feu aux poudres. Depuis plusieurs mois déjà, on sentait monter l’inquiétude autour de ce fameux décret, qui agitait tant l’opposition que les partenaires de la majorité. Les parents aussi semblaient soucieux de voir arriver un tel projet dans les écoles. Pourtant, l’histoire n’est pas neuve. L’EVRAS fait en effet partie, depuis 2012, des missions obligatoires de l’école. Néanmoins, beaucoup d’élèves n’en bénéficiaient pas encore. Une situation qui devrait changer pour cette nouvelle année scolaire, puisque le décret a été officiellement approuvé le jeudi 07 septembre 2023, validant ainsi l’accord de coopération entre les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région wallonne et la Commission communautaire française. Dès cette année donc, tous les enfants pourront en bénéficier. Mais pourquoi tant de haine ?
L’EVRAS, c’est 5 lettres pour désigner l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective & Sexuelle. Derrière ce projet, on découvre surtout la possibilité d’offrir, aux enfants de 6ème primaire et aux jeunes de 4ème secondaire, une séance de 2h par an, leur permettant de se familiariser au monde d’aujourd’hui. Ainsi, encadrées par des animateur·rice·s issu·e·s, notamment, d’associations et de centres de planning familiaux, ces interventions en classe sont là pour aider nos jeunes à mieux appréhender notre société, en leur donnant des outils pour se protéger de situations ou de comportements potentiellement violents auxquels ils et elles pourraient être confronté·e·s.
On pense notamment aux images qui circulent sur internet, dans les médias sociaux ou encore à la télévision. Mais n’oublions pas aussi les faits de harcèlement, de plus en plus précoces dans nos écoles, ou encore les nombreuses discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, qui persistent dans les cours de récréation. Ainsi, l’EVRAS est là pour répondre aux questions des enfants liées à leur vie affective et au vivre ensemble. Ces animations seront aussi l’occasion d’aborder des notions fondamentales relatives au monde dans lequel ils et elles évoluent, comme par exemple la violence, l’intégrité physique, le sexisme, les stéréotypes de genre, l’égalité des genres, la confiance en soi ou encore le consentement. Des thématiques qui nous semblent aujourd’hui capitales pour naviguer vers une société plus juste, plus égalitaire et plus respectueuse. Et pourtant, cette ouverture a été mal comprise.
Les réseaux sociaux ont, quant à eux, bien malheureusement fait leur travail. Entre fake news, punchlines de groupes identitaires et pseudo-témoignages sortis de tout contexte, les véritables propos du décret ont été tiraillés dans tous les sens. On a pu entendre des parents inquiets que leurs enfants soient poussés à se déshabiller en classe, qu’on les encourage à « changer de sexe » ou qu’ils et elles soient incité·e·s à pratiquer des activités sexuelles au côté de leurs camarades de classe. On voit bien là toute la focalisation autour du « S » de ce décret. Si l’école est bien un lieu d’instruction, c’est aussi indéniablement un lieu d’éducation et de sociabilisation. Les animations, telles qu’elles sont prévues dans le programme EVRAS, encouragent les plus jeunes à s’exprimer au sein d’un espace neutre, tout en étant encadré·e·s par un ensemble de professionnel·le·s pour y répondre. Et si, plutôt que de toujours tout contester, nous nous réjouissions à l’idée d’imaginer nos enfants évoluer dans une société plus respectueuse de tout un chacun ?
■ Marvin Desaive,
Rédacteur en chef