Édito | Septembre 2017

Militants, d’hier à aujourd’hui !

C’est avec beaucoup de plaisir que la Maison Arc en Ciel de Liège fait sa rentrée. L’été est à peine terminé que déjà nous sommes parés. Il est temps pour beaucoup d’entre nous de replier les draps de plages, de ranger les crèmes solaires et peut-être de revisionner les photos de vacances avec nostalgie.
Cette rentrée est déjà marquée par un fait important, la parution au Moniteur Belge de la loi contenant l’interdiction du don de sang par les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). Comme vous avez pu le lire dans l’édito d’aout, nous nous opposons, au moins en partie, à ce texte. Il nous semble n’être rien de plus qu’une manœuvre politique hypocrite. Car si le don de sang est à nouveau autorisé pour les HSH, il ne l’est que moyennant une période complète d’abstinence d’un an. Nous dénonçons le caractère profondément discriminatoire de ce texte qui par ailleurs n’est justifié par aucune étude scientifique.
L’autre fait marquant de cette rentrée est la sortie du film « 120 battements par minutes » de Robin Campillo que vous avez peut-être vu lors de l’imago du 23 aout dernier. Un film qui sans fausse pudeur et sans raccourcis décrit un moment de la lutte contre le Sida. Un moment entre 1989 et 1994 où la maladie faisait des ravages. Un moment où quelques-uns se sont réunis, ont retroussé leurs manches et ont osé se battre. Actup, militante, solidaire, parfois violente et critiquable a, par son action, réveillé les consciences et fait bouger les choses. Malheureusement, pathétiquement mais surtout tragiquement, c’est par le muguet, les Kaposis, les toxoplasmoses et autres cytomégalovirus que notre existence a enfin été reconnue. C’est dans la maladie et dans la mort que les grands combats ont pu être menés.
A Liège, de nouvelles associations militantes (hors HIV) se sont mises en place, c’est le CHEL qui véritablement lance la machine en 1996, rapidement suivi par Alliàge (aujourd’hui Maison Arc-en-Ciel de Liège) en 1998. Les petits groupements de personnes semi-anonymes étaient devenus des associations solides qui avaient pignon sur rue, des associations en ordre de marche pour les grands combats et les grandes victoires des années 2000. C’est ça que ce film raconte ! C’est la force que nous pouvons avoir en nous serrant les coudes. C’est la puissance de quelques militants qui arrivent à changer les choses. Ce film nous raconte aussi la souffrance et l’horreur, la solitude et le désarroi. Il a été pour moi, je dois bien l’avouer, un électrochoc. Moi qui étais enfant pendant les années Sida, je ne mesure qu’à peine ce que ça a pu être. Mais ce que je suis en mesure de comprendre c’est que beaucoup ne sont plus. Ces hommes et ces femmes quels qu’ils aient été, bons ou mauvais, géniaux ou débiles, connus ou inconnus, peut-être, un tout petit peu, par leur disparition bien peu souhaitée ont contribué à ce qu’aujourd’hui je sois libre, heureux et vivant… Vivant..!
Aujourd’hui le combat contre le virus du Sida n’est pas terminé. D’autres associations existent et viennent en aide aux séropositifs leur proposant des dépistages et du suivi. A Liège, c’est l’association Sidasol qui poursuit ces missions essentielles.

Cyrille Prestianni