Alliàge s’est donné pour mission la promotion et la défense des droits des gays et des lesbiennes, ainsi que la lutte contre toute discrimination à leur égard (extrait des statuts).
Dans ce cadre, notre action n’est pas seulement de soutenir le vote des lois sur le mariage ou l’adoption, mais aussi de travailler à un meilleur accueil des lesbiennes et des gays au quotidien. Dans ce but, nous avons développé ces dernières années de nombreux contacts avec la Ville de Liège. Un des faits les plus marquants est sans conteste la mise à notre disposition de la Maison Arc-en-Ciel par le Conseil communal liégeois unanime. Notre Comité de parrainage, créé en 2002, réunit d’ailleurs majoritairement des élus locaux, Bourgmestre, Échevins ou Conseillers communaux et témoigne d’un début de relations structurelles de notre association avec les autorités communales. En témoignent également quelques premières initiatives partenariales. Le Bourgmestre de Liège a désigné un agent de liaison entre la police et Alliàge. L’Échevin de l’État civil a été très attentif à nos préoccupations concernant l’accueil des mariages gays à l’Hôtel de Ville.
Nous nous inscrivons également dans plusieurs partenariats avec l’Échevinat du Tourisme, pour Retrouvailles ou encore les Nocturnes des Coteaux de la Citadelle. De plus, des relations amicales se sont tissées avec les membres du Comité de parrainage qui n’hésitent pas à nous soutenir lorsqu’on fait appel à eux. Enfin, les assidus des terrasses de la Place du Marché n’auront pas manqué d’apercevoir, tous les ans au moment de la Gay Pride, un drapeau arc-en-ciel flotter au fronton de l’Hôtel de Ville.
Avec la Province, nos relations sont moins abouties. Nous n’avons guère eu que quelques expériences sporadiques, principalement dans le domaine social et de la santé. Notre approche de certains Députés Permanents ne s’est pas révélée très satisfaisante jusqu’à présent. C’est particulièrement dommage dans le domaine de la culture et des loisirs où notre association est pourtant bien présente.
Cette question est également importante dans le mesure où Alliàge n’a pas vocation à limiter son action à la seule ville de Liège, puisque nos membres proviennent de tout l’arrondissement liégeois, voire de toute la province. Manque de sensibilité ou d’intérêt de ce niveau de pouvoir ? Manque de préparation ou de conviction de notre part ? Il nous faudra revenir sur cette question après les élections.
Que souhaitons-nous ? Le 22 mai dernier, Alliàge et le CHEL avaient organisé une conférence-débat sur le thème l’homo dans la cité à laquelle ont participé des représentants des quatre partis démocratiques ainsi que de la société civile.
Plusieurs problèmes ont été soulevés, en particulier la persistance de l’homophobie, l’attitude de la police vis-à-vis des gays et des lesbiennes ainsi que la situation des jeunes homos dans les écoles. La présence d’un représentant de la police fut très appréciée. Il nous a informés des évolutions à ce niveau, notamment grâce à des formations pour les agents données par le Centre pour l’Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme. Du côté de l’enseignement, un Directeur d’école a reconnu la difficulté de faire face au malaise des jeunes homos, soulignant cependant que de plus en plus de professeurs se montrent sensibilisés. Mais les écoles restent encore trop démunies. Appel fut lancé à nos associations pour disposer de relais et de personnes ressources. Plusieurs intervenants du public ont soutenu la proposition d’un parti d’intégrer explicitement la lutte contre l’homophobie dans le cadre de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Pour ce faire il a été proposé qu’une compétence échevinale en matière d’égalité soit clairement identifiée au sein du Collège. Cette approche, déjà mise en œuvre à Bruxelles et dans de nombreuses communes de Flandre, n’a pas été partagée par tous les politiques présents. Du côté du public par contre elle a été saluée, d’autant que nos associations soutiennent la plateforme de revendications de la BLGP dont il ne me paraît pas inutile de rappeler ici le premier point : Toute ville, commune ou province doit désigner un-e responsable (échevin-e ou député-e permanent-e) compétent-e en matière d’éga-lité des chances en faveur des lesbigays. Toute ville, commune ou province doit développer une politique d’égalité des chances en faveur des lesbigays en vue de prévenir la discrimination, tant de la part des administrés que du personnel administratif, de soutenir le tissu associatif lesbigay, d’augmenter la visibilité des lesbigays dans la société et de briser les conceptions dominantes de la sexualité et de l’identité de genre. Il faut enfin prendre en compte les situations vécues par les lesbigays dans toutes les compétences des villes et communes. Nous pensons tout particulièrement à l’organisation de l’enseignement, la politique de police, l’accueil et les soins aux personnes âgées, l’état-civil.
En tant que responsable de la Cellule politique d’Alliàge, j’ai adressé une note au Bourgmestre de Liège reprenant cette revendication et l’incitant à promouvoir et renforcer le partenariat entre la Ville et les associations actives dans les domaines de la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’homophobie, en ce compris le soutien à ces dernières et l’élaboration de politiques d’information et de sensibilisation de la population. Le bourgmestre de Liège avait d’ailleurs pris part au débat national organisé par la BLGP le matin de la Gay Pride du 27 mai à Bruxelles, aux côtés de bourgmestres ou de représentants d’autres villes de Belgique.
Il put confronter la situation liégeoise à celles de Bruxelles, Jette, Turnhout, Malines et Namur. Le Bourgmestre de Turnhout a ravi le public en présentant la Note d’orientation relative à une politique communale lesbigay que son Conseil communal a adopté récemment (le Bourgmestre de Turnhout me l’a très gentiment fait parvenir et je la tiens à la disposition de toute personne intéressée). Mais l’expérience liégeoise a été également fort bien accueillie. Si notre Bourgmestre ne s’est pas montré convaincu de l’utilité d’un plan d’action ou encore d’une compétence distincte en matière d’égalité, lui préférant une politique de résolution de problèmes et de partenariat permanent avec les associations, il s’est engagé, du moins au nom de son parti, à promouvoir vis-à-vis des gays et lesbiennes une politique communale en matière d’égalité, à développer des politiques plus actives ciblées sur certains publics tels que les jeunes et les séniors, à renforcer la formation et la sensibilisation du personnel communal ainsi que l’information à la population et à approfondir le partenariat avec Alliàge. Un bon début, me semble-t-il, qu’il conviendra de poursuivre avec le nouveau Conseil communal de Liège, quel qu’il soit. Il pourra peut-être d’ailleurs inspirer d’autres communes de notre région et trouver un écho du côté de la Province. La FAGL, dont Alliàge est membre, adressera par ailleurs en septembre un courrier aux formations politiques de toutes les communes de Wallonie et de Bruxelles pour attirer leur attention sur la situation des gays, lesbiennes, bi et transgenres partout dans l’espace francophone et leur demander des engagements précis dans le cadre des élections.
Alors, un arc-en-ciel au sortir des urnes ? Vous aurez compris le clin d’œil, mais c’est à notre symbole auquel je fais allusion et non à un quelconque pronostic sur les futures coalitions.
Thierry Delaval, Responsable de la Cellule politique