Édito | Avril 2012

Comme vous le verrez dans cet alliàgenda, un atelier intitulé « Trans pour les nulLEs » et organisé par Genres Pluriels aura lieu le jeudi 12 avril à la Maison Arc-en-Ciel. Ce sera l’occasion de s’informer et de réfléchir sur cette thématique en fin de compte bien mal connue.

Je voudrais tout d’abord faire le point sur la question du vocabulaire à utiliser. Le mot « transsexuel » reste le plus répandu et le plus utilisé. Pourtant, certaines associations s’opposent à l’utilisation de ce terme, au même titre d’ailleurs que « transsexualité » à cause de la référence trop explicite à la sexualité. Elles préfèrent parler de personnes transgenres et de thématique transidentitaire ou tout simplement utiliser l’abréviation « trans* » avec un astérisque pour bien marquer la diversité des cas. D’autres optent pour une appellation plus médicale en parlant de syndrome de Benjamin, de trouble de l’identité de genre (TIG). D’autres emplois, un peu plus rares cependant, sont possibles : « bigenre », « cisgenre », « F2M » (female to male) ou M2F (male to female). Enfin, certains font référence au travestisme pré- et post- (pré- ou postopératoire).

Une enquête récente a démontré que une personne sur 25 serait tentée de temps à autre d’adopter des signes distinctifs propres culturellement à l’autre sexe (les habits, le maquillage, la coiffure). Parallèlement, une personne sur 250 aurait envie de pousser plus loin l’expérience et de vivre réellement comme une personne de l’autre genre. Enfin, une personne sur 2.500 voudrait être opérée. Trois fois sur quatre, ceci s’effectue du genre masculin vers le féminin.

Pour certaines personnes, changer de genre est vécu, nous nous en doutons, comme une véritable libération. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une contrainte administrative. En effet, la plupart des pays offrent à ses citoyens la possibilité de modifier son état civil. Par contre, la réassignation de sexe a de strictes conditions d’admission. Pour parler de la Belgique, par exemple, il faut savoir que la personne demandeuse doit avoir « subi un changement de sexe qui l’a mise en conformité avec l’autre sexe ». Et, afin qu’aucun doute ne puisse planer, le législateur ajoute qu’elle ne peut plus donc être en état « de concevoir des enfants conformément à son ancien sexe ».

Cette loi dite du « changement de sexe » ne date que de 2007, pourtant, elle semble déjà bien caduque pour la plupart des associations LGBT. Celles-ci voudraient, d’ailleurs, qu’on la remplace par une législation qui pourrait, par exemple, s’inspirer de l’Argentine où la stérilisation forcée n’est pas imposée comme condition de changement d’état civil.

Pour terminer, il est assez édifiant d’apprendre que c’est en Iran que l’on compte le plus de transsexuels. Pourtant, me direz-vous, à raison d’ailleurs, l’homosexualité y est sévèrement punie. Oui mais la génitoplastie (« opération de changement de sexe » ; appellation généralement jugée incorrecte. En effet, les expressions « génitoplastie masculinisante » et « génitoplastie féminisante » sont plus souvent utilisées dans le milieu médical.) y est, elle, acceptée. Ainsi, beaucoup d’homosexuels préfèrent subir l’opération plutôt que de s’exposer à des sanctions qui peuvent aller jusqu’à la mort (les organisations des Droits humains estiment, en effet, que ce sont plus ou moins 4000 homosexuels qui ont été exécutés depuis la Révolution islamique de 1979). Cet état de fait a permis au président Mahmoud Ahmadinejad de dire, en 2007, entre autres, dans l’enceinte de l’Université Columbia de New-York, qu’ « il n’y a aucun homosexuel en Iran » !!!

Jean-François Pondant, Président.