Édito | Mai 2012

De l’utilité d’organiser encore des “Semaines Arc-en-Ciel en 2012”, ici, en Wallonie: voilà comment pourrait s’intituler cet édito, tant il paraît évident aux yeux de certains que tout est désormais acquis en matière de droits LGBTI. Or, croire cela serait extrêmement réducteur… Car que sont ces droits tant revendiqués, encore et toujours? Cela tient en quelques mots: celui de vivre tout à fait comme tout le monde, c’est-à-dire sans cacher son orientation sexuelle par peur d’être discriminé sur son lieu de travail ou insulté dans la rue, de ne plus voir certains mots associés automatiquement ensemble comme “Monsieur et Madame”, de s’entendre dire “Y a les filles d’un côté et les garçons de l’autre, c’est tout, na !…”, j’en passe et des meilleures… Bref, nous rêvons d’un monde où les stéréotypes de genre n’existeraient plus, où les garçons pourraient être coquets sans être traités de tapettes et les filles être masculines sans pour autant être des camionneuses et/ou insultées de gouines. Un monde où changer de sexe pour être en accord avec son Moi intérieur ne ferait plus l’objet de débats. Un monde où l’adage “Aimez-vous les uns les autres” serait aussi appliqué aux personnes homo-, trans- ou bisexuelles. Et là, force est de constater qu’il y a encore du chemin à parcourir !

Pour preuve, une marque bien connue de chèques-cadeaux, propose depuis fin 2011 deux coffrets intitulés “Superman” et “Superwoman”. Soit une série d’activités dédiés aux (dixit) “vrais hommes” (tickets pour des matches de foot, dégustation de whisky,…) et d’autres pour les femmes (shopping, bien-être,…). A quand des coffrets “Supergay” et “Superlesbiennes” ?

Alors oui, il y a encore de nombreuses raisons d’organiser des Semaines Arc-en-Ciel et une Journée Mondiale de lutte contre l’Homophobie. Ces Semaines, une fois de plus, vont être l’occasion de revendiquer, mais aussi de faire (sou)rire, pleurer, réfléchir, constater, émerveiller, à travers une série d’activités plus diverses les unes que les autres et que nous n’allons pas vous énumérer ici (les pages intérieures de cet Alliàgenda s’en chargeront). Attention de réserver à temps pour certaines activités!!! Petit arrêt cependant sur la Belgian Pride du samedi 12 mai. Cet évènement incontournable verra de nouveau la participation d’Alliàge, qui aura son propre char au défilé. “Défilé” : voilà bien un mot qui en révulse plus d’un(e). Et pourtant, loin d’être un cortège carnavalesque ou une sorte de City Parade version LGBTI, la Belgian Pride est l’occasion de construire un monde plus juste pour tout un chacun par l’expression d’un cahier de doléances, dont un point ou l’autre est mis en exergue chaque année. Après les stéréotypes de genre et l’homophobie à l’école, en 2011, cette année laisse place à trois thèmes qui malheureusement ne coulent toujours pas de source pour de nombreuses personnes :

• La visibilité des personnes LGBTI dans la vie publique,
• La lutte contre l’homophobie et la transphobie,
• La santé et le bien-être des LGBTI et, notamment, une sensibilisation accrue des acteurs médicaux et des personnes LGBTI elles-mêmes aux questions de santé liées à leur orientation sexuelle.

Le détail de ce cahier de revendications peut être lu sur le site de la Belgian Pride : www.thepride.be (onglet “Qui Pourquoi/Revendications”).

Ensuite la Journée Mondiale de lutte contre l’Homophobie, le 17 mai, pour laquelle nous vous engageons à porter le pin’s d’Arc-en-Ciel Wallonie : beaucoup d’entre eux d’ailleurs seront distribués à la Belgian Pride de Bruxelles entre autres.

Bien sûr, l’on peut être homo-, bi- ou transsexuel(le)s sans pour autant avoir l’âme militante ni même l’envie de militer. Loin de nous l’idée de fustiger ceux et celles qui n’aiment pas la Belgian Pride et qui n’ont pas envie de “monter sur les barricades” pour revendiquer plus de droits. La tolérance passe aussi par le respect de ceux pour qui “bonheur” rime avec “discrétion”. Comme disait Zulawski, “L’important c’est d’aimer”, et nous souhaitons très sincèrement qu’il en soit toujours ainsi pour ces personnes. Mais nous leur demandons aussi d’avoir, de temps à autre, une pensée pour toutes les victimes des préjugés et de la bêtise humaine.

Car c’est aussi pour cela que votre association existe. Il est bon de le rappeler de temps en temps…

Nicolas et Jean-Marc, administrateurs.