Édito | Mars 2012

Voici quelques mois que le CHEL occupe régulièrement la Maison Arc-en-Ciel les jeudis soirs alors que, depuis sa création, les activités de l’association ont principalement lieu dans les locaux du SIPS, un planning familial liégeois. Ce changement a permis de (re)créer de nouveaux liens, de nouvelles collaborations et des synergies intéressantes et prometteuses. C’est pourquoi nous aimerions profiter de cet édito pour vous rappeler ce qu’est exactement le CHEL.

1. Le projet du CHEL.
Le CHEL, ou “Cercle Homosexuel Etudiant Liégeois / Jeunes homos liégeois(e)s, asbl”, a été fondé en 1995 par deux étudiants. Créé au départ comme une commission du SIPS, il n’a cessé d’évoluer depuis et de gagner en autonomie. D’une manière générale, l’association a pour but d’être au service des jeunes homosexuels et de favoriser l’acceptation de l’homosexualité au sein de la société. Trois mots d’ordre guident l’action du CHEL : discrétion, liberté et ouverture.

Chaque jeudi, dès 17h30, sont organisées des permanences “accueils” suivies d’activités à 19h30. Des activités plus événementielles, tel le Cabaret qui a lieu chaque mois d’avril, sont également prévues. En outre, l’association participe régulièrement à des actions de sensibilisation à Liège et sur le campus de l’université.

2. Les accueils
L’accueil des jeunes homosexuels par d’autres jeunes homosexuels est le service de base de l’association. En effet, pour un jeune homosexuel, être accueilli par un jeune confronté à la même situation signifie que celui-ci est plus à même de comprendre et connaître, au travers de son expérience et de son vécu personnels, les difficultés qu’entraîne encore aujourd’hui le fait d’être (jeune) homosexuel dans la société.

Chaque personne arrivant pour la première fois au CHEL se voit proposer cet accueil “des pairs par les pairs”. Celui-ci se déroule sous la forme d’un entretien individuel, au cours duquel l’association est présentée et où, surtout, la personne accueillie peut, confidentiellement, s’exprimer, parler de ses craintes, poser des questions sur elle-même ou sur l’homosexualité en général. Cette entrevue est souvent une étape importante pour l’accueilli. Dans bien des cas, il s’agit en effet de son premier contact avec le “monde LGBT” et du début de son délicat processus de “coming-out”.

Parler des accueils au CHEL, c’est évidemment parler du lien particulier et fondamental pour l’association qui existe entre cette dernière et le SIPS. En effet, tout accueillant du CHEL a préalablement suivi une formation organisée sous la direction du SIPS. De même, tout au long de leur “carrière” d’accueillants, ceux-ci sont suivis par le SIPS, via plusieurs réunions annuelles. Il convient de souligner l’importance capitale que le CHEL accorde à cette collaboration, qui fait en quelque sorte sa spécificité. C’est ainsi que, dans d’autres cercles étudiants homosexuels de Belgique francophone (tel le CHE à Bruxelles), ce procédé des accueils n’existe pas.

3. Les activités du jeudi
Le CHEL cherche à être un endroit où les jeunes homosexuels puissent s’épanouir, échanger sur leurs expériences respectives et créer des liens entre eux. Pour cela, il vise à la création d’un groupe où règne un climat serein. Ainsi, le CHEL tient à la liberté : il n’y a pas de vérité toute faite, chaque expérience de vie étant différente. L’association se veut aussi ouverte et pas réduite à un “ghetto gay” : elle s’adresse à tous les jeunes jusqu’à trente ans se découvrant homosexuels ou bisexuels, à ceux qui se posent des questions, à leurs parents, leurs amis,… Pour réaliser ces objectifs, diverses activités, ludiques ou plus sérieuses, sont proposées chaque semaine : des papotes, de la prévention SIDA/IST, des jeux de société, des débats, des quizz, des sorties, des auberges espagnoles, des projections de films …

4. Le Chel à la MAC
Depuis sa création, comme nous l’avons déjà dit, le CHEL organise ses permanences (en ce compris les accueils) et la plupart de ses activités dans les locaux du SIPS. L’ouverture, en 2004, de la Maison Arc-en-ciel de Liège, lieu où se côtoient aujourd’hui diverses associations LGBT, a eu pour conséquence, petit à petit, d’ouvrir un débat au sein du CHEL. En effet, fallait-il rester au SIPS ou partir à la MAC? Et, partant, comment devait évoluer l’association ?

C’est dans ce contexte et à l’occasion de travaux de réaménagement des locaux du SIPS que, en avril 2011, le CA du CHEL a décidé de tenter une expérience : s’installer de début août à fin novembre à la MAC.

Ce “déménagement provisoire” a vite suscité maintes réactions au sein du CHEL. Enthousiasme, réticences voire franche opposition ont pu être constatés. A l’appui de ces positions, il y avait toute une série d’arguments, mêlant craintes – la relation avec le SIPS qui pourrait se distendre, voire disparaître; la philosophie et l’identité du CHEL qui pourraient tout doucement changer et, enfin, les locaux de la MAC qui sont moins anonymes et dont la disposition est parfois moins favorable pour certaines activités – et attentes – le renforcement et le développement des liens avec les autres associations LGBT liégeoises, au premier rang desquelles figure Alliàge; la possibilité de jouir de locaux possédant, paradoxalement à ce qui a été exprimé plus haut, des avantages certains, entre autres au niveau de l’équipement multi-média.

5. A l’avenir
Après un débat évaluatif de l’expérience, en présence de membres et d’administrateurs du CHEL, de représentants du SIPS et d’Alliàge et dans le souci de prendre en compte le mieux possible ce qui y a été dit, le CA du CHEL a imaginé une solution qui concilie la vocation d’accueil du CHEL et ce désir de liens avec le monde LGBT, via une présence régulière à la MAC. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la solution finalement retenue est celle suivie, grosso modo, par l’équivalent bruxellois du CHEL, le CHE.

C’est ainsi que, à l’avenir, le CHEL organisera une permanence (soit dès 17h30) et une activité le premier jeudi de chaque mois à la MAC. Cette présence mensuelle à la MAC permettra au CHEL d’ouvrir un peu ses membres vers le monde LGBT, de les faire profiter du côté plus émancipateur (certains disent plus “assumé”) de la MAC, via notamment l’ouverture de la médiathèque et la consultation possible du tableau informatif du hall.

Les autres permanences (dès 17h30 donc) et activités auront lieu, comme auparavant, au SIPS, lieu plus feutré et “familial”. Cette situation est susceptible d’évolutions futures, notamment par l’organisation d’un type plus spécifique d’activités pour chaque lieu.

Enfin, une des conséquences de cette expérience a été, pour le CHEL, pour Alliàge et pour le SIPS de souligner l’importance et la richesse des collaborations et, surtout, le manque de connaissance réciproque qui existait parfois entre les différentes ASBL. Longue vie, donc, à ces collaborations !

Jean-François Pondant, Président d’Alliàge
Maxime Lafosse et Axel Modave, Secrétaire et Président du CHEL

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