Édito | Décembre 2008

Nous sommes revenus du voyage en Alsace du 8 et 9 novembre avec probablement toutes et tous une certitude : nous profitons chaque jour des bienfaits de la liberté. Mais en avons-nous vraiment conscience ? Nous n’avons, pour la plupart d’entre nous, pas connu cette période délicate et difficile. Elle fut vécue par nos parents et grands-parents. Certains la traversèrent dans de terribles souffrances et d’autres avec une certaine insouciance.

Le devoir de mémoire n’est-il pas de prendre le parti des personnes ayant souffert d’une situation qu’ils n’ont pas souhaitée ? Ne devons-nous pas rendre hommage à ces gens qui ont fait le sacrifice de leur vie pour notre liberté?

Pourquoi ne serions-nous pas un peu chaque jour les gardiens de cette mémoire ? Nous sommes encore témoins d’amalgames et d’actes risquant les dérives. Pourquoi laissons-nous faire cela ? C’est aussi le silence qui tue. Osons dire : non plus jamais ça !

Nous garderons en mémoire la barbarie vécue par les déportés et leurs conditions de survie, car il s’agit bien de survie, totalement dépendantes des humeurs de leurs bourreaux. La pluralité de notre groupe nous a permis des échanges interculturels riches et ouverts. Quelle ne fut pas notre stupeur d’apprendre que des groupes néo-nazis viennent rendre hommage au système concentrationnaire nazi. Nous avons pu constater, par le comportement peu civique de quelques personnes visitant ce camp, que pour certains la reconnaissance de l’horreur n’est pas acquise ; que, oui, le devoir de mémoire doit se perpétuer et que les actes indescriptibles ne doivent pas tomber dans l’oubli.

Nous n’avions pour notre part aucun doute sur l’horreur qui s’était déroulée durant cette période. Entre savoir et voir, il y avait encore un pas à franchir. L’émotion qui nous a envahie devant le four crématoire et les cellules de 12 mètres carré où s’entassaient 20 détenus privés d’alimentation et sans aucun sanitaire nous a laissé sans voix, …il n’y avait rien à dire.

Quand j’ai préparé le voyage, on m’avait dit qu’il fallait que la soirée soit malgré tout festive pour ne pas que l’émotion envahisse trop le groupe. Quel meilleur endroit que le bar et son vin alsacien pour se détendre. Vinrent ensuite les blagues et un bon souper. La diversité du groupe permit à chacun de s’exprimer et d’être entendu. Nos visites plus touristiques du dimanche nous ont montré un visage bien plus heureux de cette superbe région. J’en ai même entendu un dire qu’il se verrait bien souverain dans le château du Haut Koenigsbourg. Quel courage car il y fait froid ! Mais je vous rassure, il est revenu avec nous.

Cécile Franckart