Édito | Juin 2008

Paragraphe 175 !

“Un acte sexuel contre nature entre des personnes de sexe masculin ou entre des êtres humains et des animaux est punissable d’emprisonnement ; la perte des droits civils peut-être imposée.”

Certains diront : ces temps ne sont plus ! Pas si sûr. “Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde” a dit Bertold Brecht. Les idées défendues par l’extrême droite restent toujours les mêmes, sous couvert du racisme qu’elle ne renie pas. Elle est présente sur tous les fronts : loi anti-avortement, rôle fondamental de la famille (homme, femme, enfant)… sans parler de la minimisation de la femme au sein de la société. A l’occasion de la préparation des jeux olympiques, plusieurs établissements gay de Pékin et de Shanghai ont été la cible de rafles et d’arrestations. Aux États-unis, dans 40 des 50 états, un enseignant peut être licencié parce qu’il est gay. En Lituanie, le déploiement d’un drapeau arc-en-ciel a été refusé. Chaque jour nous sommes témoins de paroles ou d’attitudes homophobes; mettre la tête dans le sable est naturellement plus confortable, mais, à ce moment-là, ne nous plaignons pas de ne pas être connus ou reconnus. Pouvons-nous être certains qu’il n’y aura “plus jamais ça”?

Il nous reste, à nous aussi, un devoir de mémoire. Entre 1933 et 1945, 100.000 hommes ont été déportés pour cause d’homosexualité, soixante pourcents n’en sont pas revenus. Ils ont été, pour la plupart, victimes de tortures, de castrations,… les cobayes idéaux! Les lesbiennes qui “ne mettaient pas en péril la pureté du sang allemand” étaient classées, elles, dans le groupe des associaux, porteurs du triangle noir.

Shirmeck, camp de concentration où 210 homosexuels français furent déportés. Struthof-Natzweiler, camp connu pour son laboratoire où se pratiquaient des expériences sur les êtres humains et, tout particulièrement, sur les homosexuels, “une cible de choix”.

Début novembre, nous vous proposerons de nous accompagner en Alsace, afin de visiter ces lieux de mémoire, en hommage au génocide de nos compagnons disparus à cause du paragraphe 175.

Cécile Franckart