Édito | Septembre 2009

Au tout début du mois d’août a eu lieu une fusillade dans le local d’une association de gay et de lesbienne de Tel-Aviv, faisant deux morts et quinze blessés.

Pourtant, la télévision française a diffusé récemment un reportage exceptionnel sur la ville de Tel-Aviv. Il en ressortait notamment qu’elle a la réputation d’être un havre de tolérance sexuelle. La multitude de bars et de clubs gays en fait même une destination de choix pour les homosexuels du monde entier. Dans le centre, des dizaines de drapeaux arc-en-ciel s’affichent fièrement aux fenêtres. En juillet, cinq couples homosexuels ont échangé symboliquement leurs consentements au cours d’une grande fête à laquelle assistait Ron Huldaï, le maire de la ville.

Par contre, il serait faux de penser que les gays israéliens aient la vie facile et affichent leur homosexualité. Tout le sud d’Israël, en dehors de Eilat, est assez homophobe. A Jérusalem, par exemple, l’organisation de la Gay Pride provoque régulièrement des remous. Le nombre de lieux gays en Israël est très faible par rapport à la Belgique ou à la France. Il est impossible pour un jeune de vivre son homosexualité normalement car, dès 18 ans, il doit faire son service militaire. Très souvent, d’ailleurs, c’est à ce moment qu’une crise arrive. Ces jeunes sont alors bien obligés de trouver un soutien moral. C’est la raison pour laquelle la ville de Tel-Aviv a mis à disposition des locaux pour que ceux-ci puissent se retrouver et rencontrer des conseillers. C’est dans un des ces rares centres de soutien que le drame a eu lieu.

Nir Katz, 26 ans, et Liz Tarboushi, 17 ans, ont été tués. L’homme masqué qui a fait irruption dans le sous-sol de l’association a également blessé quinze personnes, dont deux grièvement. Juste après le drame, un défilé silencieux a rassemblé des centaines de personnes brandissant des pancartes dénonçant l’homophobie. La classe politique israélienne a unanimement condamné l’attaque. Dès le lendemain matin, le premier ministre Benyamin Nétanyahou, à l’instar du maire de la ville, des membres du gouvernement et des grands rabbins du pays, a tenu à marquer sa solidarité avec les familles des victimes. Il a notamment déclaré : Je veux dire aux citoyens d’Israël que nous sommes un pays démocratique et tolérant et que nous devons respecter chaque personne telle qu’elle est. Même le parti ultra-orthodoxe Shass, d’habitude très critique envers les homosexuels, s’est affirmé sans ambiguïté choqué et révolté par cette attaque criminelle qui a visé la communauté gay de Tel-Aviv. Si l’enquête confirme la motivation homophobe de cette attaque, il s’agirait de l’agression la plus grave jamais commise en Israël contre des homosexuels.

En juin 2005, un Juif orthodoxe avait poignardé trois participants de la Gay Pride. Il avait été par la suite condamné à 12 ans de prison.

Jean-François Pondant, Président