Édito | Juin 2007

1299 pages… C’est le total cumulé des programmes électoraux des 4 “grands” partis démocratiques francophones (cdH, ECOLO, MR, PS) en vue des Élections législatives du 10 juin prochain. Je me suis lancé dans la consultation de ces briques afin de tenter de déterminer la place réservée aux gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres, et à leurs revendications. Ordre alphabétique oblige, commençons par le cdH : s’il ne mentionne à aucun moment les mots gay, lesbienne, homosexuel, homophobie…, le programme du parti Humaniste répond favorablement, comme les 3 autres partis d’ailleurs, à une vieille revendication du mouvement associatif gay et lesbien : l’individualisation des droits sociaux “afin non seulement de ne pas empiéter sur les choix de vie, mais aussi, au contraire, de favoriser les solidarités intrafamiliales en ne sanctionnant plus le fait de vivre à deux ou en collectivité”. Le parti de Joëlle Milquet se prononce également en faveur de la suppression des inégalités entre couples mariés et cohabitants légaux en matière de sécurité sociale. D’un autre côté, sans surprise, l’ex-PSC réclame l’interdiction pure et simple de la gestation pour autrui (les “mères porteuses”). En revanche, le programme du cdH accorde une part significative à la lutte contre le sida, en proposant notamment la promotion active de l’utilisation du préservatif, en particulier chez les jeunes, par le biais des programmes en cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. ECOLO pour sa part consacre des pans complets de son programme aux droits des gays et lesbiennes : le parti vert, qui s’inquiète du “conservatisme persistant faces aux avancées législatives réelles” se prononce notamment en faveur d’animations scolaires relatives à l’orientation sexuelle “de façon à véhiculer une image plus sereine de l’homosexualité et à permettre aux jeunes en questionnement de dédramatiser leur situation”. Les écologistes souhaitent aussi “développer des campagnes d’information grand public en dehors de l’école, pour soutenir le développement d’un climat social plus tolérant”, ainsi qu’une “campagne destinée aux parents des jeunes homosexuels”. Autre proposition : l’élargissement du congé parental à l’épouse de la maman, afin de mettre fin à cette discrimination résiduelle entre les couples hétéro- et homosexuels. Enfin, le programme d’ECOLO veut que l’on autorise aux homosexuels qui le souhaitent de donner leur sang. Pour le MR, mes recherches dans leur programme sur les mots gay, lesbienne, homo- (et dérivés), -sexuel (et dérivés), transgenre, “gestation pour autrui”, “mère porteuse”, adoption, sida, séropo- (et dérivés), parent (et dérivés) etc. n’ont donné aucun résultat significatif… Le PS enfin, à l’instar d’ECOLO, consacre de larges parts de son programme aux revendications LGBT : dans un cadre global de lutte contre toutes les discriminations, les socialistes insistent sur le rôle primordial de l’État en cette matière, tout en développant une attention particulière aux “lesbigays”. Relevons notamment la volonté d’augmenter les moyens et l’action du Centre pour l’Égalité des Chances et la promotion concrète de la diversité dans l’emploi. En outre, le parti d’Elio Di Rupo estime que “chaque personne doit avoir la possibilité de vivre son orientation sexuelle de manière épanouie, en toute liberté et sans discrimination de quelque nature qu’elle soit”. Il souhaite ainsi poursuivre la politique d’identification des agressions à caractère homophobe afin d’obtenir des statistiques précises pour mieux lutter contre ce phénomène, développer, sur base de ces constats, des politiques de prévention adéquates. Le PS veut également “continuer la formation à la diversité des magistrats, de la police fédérale, des inspecteurs du travail et des partenaires sociaux, et étendre la formation à la diversité pratiquée dans les forces armées et la fonction publique aux autres administrations”. Il souhaite encore “prévoir et organiser le statut de parenté sociale, veiller à la bonne application de la loi ouvrant l’adoption aux couples de même sexe et sensibiliser les organismes d’adoption, afin d’éviter les refus sur la seule base de l’homoparentalité”. Dans le même cadre, notons sa volonté de “conclure des accords bilatéraux avec les pays d’origine acceptant qu’un enfant issu de cet État soit adopté par des couples homosexuels en Belgique”. Plus largement, le Parti Socialiste souhaite “soutenir une proposition de résolution au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies pour une dépénalisation universelle de l’homosexualité et développer des projets dans les pays où l’homosexualité est pénalisée, réprimée et/ou stigmatisée”, en accordant une attention spécifique aux nouveaux États membres de l’Union européenne, et enfin mettre en place un statut de protection pour les demandeurs d’asile homosexuels.

Michel Thomé