Édito | Mai 2007

Le mois de mai est sans aucun doute le plus riche en événements pour les lesbiennes et les gays belges. C’est en effet celui où a traditionnellement lieu la Belgian Lesbian and Gay Pride à Bruxelles. Mais c’est également, depuis quelques années, celui où l’on célèbre la Journée Mondiale de Lutte contre l’Homophobie, à date fixe (le 17, pour être précis). Comme chaque année, Alliàge témoigne d’un dynamisme hors pair pour donner à ce mois de mai toutes les couleurs de l’Arc-en-Ciel : outre notre participation au défilé du 12 mai, sur notre traditionnel autobus à impériale, nous avons mis les petits plats dans les grands pour proposer une série d’activités culturelles et récréatives, réunies sous la bannière des “Semaines Arc-en-Ciel 2007”. Vous trouverez le détail de ces activités dans nos pages “Agenda”. Également dans cette édition, pour votre information, nous vous reproduisons le texte intégral de la réaction que nous avons formulée par voie de presse aux déclarations incendiaires de Monseigneur Léonard, il y a quelques semaines déjà :

Alliàge asbl dénonce les propos homophobes de Mgr Léonard
L’association liégeoise de gays et lesbiennes Alliàge s’indigne vivement des propos tenus par Mgr Léonard dans l’interview accordée à l’hebdomadaire “télé moustique” du 4 avril dernier, et abondamment relayés par d’autres medias.

Traditionnellement, l’approche de Pâques est un moment privilégié d’expression du clergé. Mais au lieu de la trêve attendue, force est de constater que, impulsé par Rome, on assiste cette année aux prémices d’une nouvelle croisade visant à restaurer l’ordre ancien, et balayer la doctrine sociale de l’église issue de Vatican II. Qui mieux, à l’intérieur de l’Eglise belge, que Mgr Léonard pouvait incarner cette tendance ? Ce champion local de l’actuel Saint-Père, ce prosélyte des mouvements catholiques les plus conservateurs, se sent aujourd’hui pousser des ailes. Il n’a pas tort si l’on en juge par les réactions timorées de Malines, pourtant défiée dans ses prises de positions habituellement plus nuancées. Place donc au nouveau héraut qui se rêve déjà Archevêque et Prince de l’Eglise. Il annonce son programme. Quelques significatives notes du moins, qui ne feront ni vibrer les grandes orgues ni scintiller aucun vitrail flamboyant en cette semaine pascale : retour à l’obscurantisme, paroles – travesties – de Freud à l’appui.

Ses opinions sur les sujets éthiques ou moraux tels que l’euthanasie, qu’il juge inutile, ou l’avortement, qu’il estime antidémocratique, franchissent la limite du tolérable lorsqu’il se prononce sur les homosexuels, qu’il qualifie d’anormaux. Il aura beau s’en défendre, c’est une condamnation sans appel.

Alors que la Belgique est un pays phare en matière de lutte contre la discrimination envers les lesbiennes et les gays (ouverture du mariage et de l’adoption, journée de lutte contre l’homophobie, dispositifs juridiques anti-discrimination…), une telle inadéquation avec l’évolution de la société, un tel conservatisme radical ne peuvent que creuser davantage le fossé qui sépare l’Eglise catholique du quotidien des belges : Mgr Léonard ignore-t-il que l’homophobie tue ? Que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, et que le risque du passage à l’acte est très nettement supérieur (de 6 à 13 fois, selon les études) chez les lesbiennes et les gays ? Sous couvert de respect, à défaut d’amour bien compris, cet Evêque là se condamne à répandre le désarroi. Son désarroi ?

Quant à l’usage du préservatif, assimilé selon lui à une partie de roulette russe, on tombe dans l’inqualifiable quand on sait que la santé et la vie de milliers de personnes sont en jeu. Mgr Léonard a-t-il conscience que discréditer l’usage du préservatif et prôner l’abstinence constitue un discours irresponsable, voire criminel ? Que l’évêque de Namur l’accepte ou pas, un préservatif correctement utilisé reste le moyen le plus fiable pour lutter contre la propagation du sida/HIV

Michel Thomé