“Le monstre qui dort en moi doit mourir, et moi aussi” Dans son travail, Laura Baudoux a élu le corps de la femme comme base opératoire. Au travers de ses portraits ou autoportraits polymorphes qui multiplient les identités, conjurant la sexualité, la mort, la violence, la soumission, la monstruosité et laissant émerger la force, la résistance et le sacré, Laura Baudoux nous fait entrer dans ses dessins par effraction. Sans pudeur, elle nous livre des oeuvres qui blessent vertigineusement les limites morales et physiques. Elle abîme, hurle, déconstruit et inscrit indéniablement le corps comme un marqueur contestataire. En usant du corps de la femme comme corps de révoltes, le geste artistique de Laura Baudoux s’enfonce dans le dessin comme dans une bataille et s’empare de la violence pour la transformer en résistance identitaire. Aux traits noirs, aux couleurs primaires brutales et vivifiantes manifestant d’une revendication chromatique évidente, parsemés de mots ou de phrases sans ponctuation, les dessins de l’artiste nous traversent par une énergie interne hors-norme, nécessaire et criante. Comme un instinct de survie qui appelle l’instinct d’auto-conservation. À la lisière du réel et du conte (ou de la science-fiction), le travail de Laura Baudoux questionne les empreintes et les mises à l’épreuve du corps de la femme en déconstruisant les stéréotypes de genre. En détournant son apparence par la figure du monstre ou par celles de figures mutantes ou encore d’espèces, Laura confronte notre regard aux représentations normées et avec elles interroge la dimension hybride de l’être humain. Métamorphoses et variations du corps. Scènes de notre désir et de notre douleur. Tantôt monstre, mère, oiseau, femme, mutant ou super-héros, Laura Baudoux nous offre d’autres conceptions de résistance et de pensée. Aurore Benoit