La MAC a les boules – Réaction de l’O.A. de la Maison Arc-en-Ciel de Liège

Bonjour à tous·tes,



Que vous nous suiviez de près ou de loin, vous savez peut-être que la Maison Arc-en-ciel de Liège a été chamboulée ces derniers jours par une vague de contestations liée à un visuel initialement destiné à être exposé dans nos locaux. Suite aux nécessaires discussions en interne, mais également à l’écoute des ressentis et des dispositions de celles et ceux qui la font vivre – son équipe – il a été décidé que l’exposition, ainsi que son marché de Noël, se tiendrait bien à la Maison Arc-en-Ciel de Liège les 22, 23 et 24 décembre prochain. La MAC marque son soutien à son équipe organisatrice qui a préparé cette exposition d’arrache-pied depuis de nombreuses semaines, ainsi qu’aux artistes et au Centre S qui, malgré elles et eux, se sont retrouvé.es embourbé.es dans ces éclatements.

En tant qu’Organe d’Administration, il est important pour nous de revenir sur ce qu’il s’est passé, sur cet effet « boule de neige » dont nous avons été témoins et sur cette polarisation du discours qui s’est peu à peu installée, principalement sur les réseaux sociaux, mais aussi ailleurs. Alors que la Maison se veut rassembleuse, nous sommes tous·tes profondément affecté·es par les scissions qui se sont opérées. Nous essayons dès lors ici d’amener plus de nuances et de débinariser les représentations et les discours en vue de réaffirmer les valeurs de la Maison : la pluralité, la bienveillance, le dialogue, la sensibilisation et la compréhension.

Il est bon de rappeler que la Maison Arc-en-ciel est un lieu ouvert à toutes et tous et, par là-même, qui rassemble des personnes issues d’un spectre large aux identités multiples. Cette multiplicité, nous en sommes convaincu·es, est une richesse car, à l’instar de la société, c’est au travers de ces perspectives diverses que l’on peut percevoir les angles morts, les incohérences, les contradictions qui peuvent naturellement apparaître, et que l’on peut ainsi avancer, ensemble. Vivre ensemble. Travailler ensemble. Comprendre ensemble. Comme dans tout lieu qui se veut pluriel, ces différentes perspectives impliquent des méthodes, des expériences et des langages variés que nous souhaitons accorder, même si cela n’est pas toujours une évidence.

Le problème survenu ces derniers jours est intimement lié à ces différences de lecture. De fait, la représentation a été lue par certain.es comme reproduisant l’hypersexualisation des femmes, mettant en avant l’impact que les représentations peuvent avoir dans l’imaginaire collectif et, donc, allant à l’encontre des discours et des enjeux féministes. D’autres ont associé cette affiche au hors-normes, à la libération et à l’excès sensuel qui a longtemps été une arme subversive dans les milieux LGBTQIA+ et notamment le monde drag face à la pudibonderie et l’enfermement d’un système tabouisant la sexualité. Ces deux lectures se sont transformées en deux camps distincts, opposés, le « pour » ou « contre » ne laissant aucune place au dialogue, à la compréhension et à la remise en question. A cette heure, la Maison Arc-en-ciel souhaite souligner qu’elle s’inscrit à la fois dans la lignée d’autres combats antidiscriminatoires – dont la pensée féministe et la déconstruction des stéréotypes genrés – et qu’elle ne souhaite pas oublier les perspectives de ce passé aux codes plus rétros. Elle accepte l’existence de ces deux lectures justement parce qu’elle souhaite rassembler et créer des liens dans cet héritage. Elle souhaite également les conjuguer pour en dissoudre les contradictions. Ces différentes lectures se retrouvent dans notre public, dans notre Maison, et même dans son Organe d’Administration. A l’avenir, nous serons cependant plus attentif·ves à ce que les images qui la représentent puissent plus clairement refléter les liens qui nous rassemblent plutôt que de laisser la place aux frictions qui surgissent lorsque nos divergences s’expriment.

Il y a un bon nombre de choses qui, en tant qu’Organe d’Administration, nous ont été insupportables, et l’une d’entre elles a été de voir nos équipes, la Maison et les artistes devenir les épouvantails que seul un discours dénuancé et déshumanisé pouvait créer. Nous nous excusons auprès d’elles et eux et serons là pour les soutenir, d’autant plus à l’avenir. Leur travail au quotidien est souvent peu visible ; il est bon de rappeler que cette face cachée de la lune est ce qui permet l’existence même de la Maison, de ses projets, de l’impact considérable qu’elles et ils apportent dans le monde associatif et la société. Et cela, il est important de le rappeler.

Par ailleurs, notre société est en perpétuelle transformation. Il est nécessaire et primordial que la remise en question des angles morts ait lieu, car nos associations doivent prendre en considération toutes les voix de cette société qui évolue. Et de cela, nous en sommes convaincu.es. Par contre, nous ne sommes pas en accord avec la manière dont ces remises en question ont été cette fois formulées. La critique d’une caricature ne peut se faire au travers de la création d’une autre caricature, homogénéisante, dénuée de nuance et d’empathie. Non, la MAC n’est pas misogyne. Avancer cet argument comme cela a été fait est nier la pluralité des perspectives qui la composent, ainsi que la multitude des personnes à qui elle s’adresse. La déferlante de messages accusateurs qui ont visé l’équipe et l’institution a été rude, rapide, insistante et sans appel. Mais la critique de l’oppresseur est beaucoup plus facile lorsqu’on en crée une représentation fantasmée, désincarnée, d’autant plus si elle prend lieu dans le monde virtuel. Or, ce sont bien les êtres humains d’une association qui militent tous les jours qui ont reçu ces critiques virulentes et sans nuances. Si la remise en question et la transformation sont possibles, la bienveillance et la compréhension de tous les enjeux, de tous les détails, n’ont pas été prises en compte. Les réseaux peuvent être un outil bénéfique pour les associations. Ils peuvent aussi devenir leur fléau lorsqu’ils annihilent l’humain, les affects, l’empathie et la possibilité que notre vérité ne soit pas celle de tous·tes. Sur ce mode, l’adversité n’est plus une possibilité ; elle est excluante et nie toute possibilité de communication et de dialogue – qui sont pourtant les seules réelles méthodes par lesquelles les changements sociétaux et structurels peuvent opérer.

Le coup de massue pour la maison a été cette inscription marquée sur les murs moins de 24 heures après le partage du post. Alors que dans la maison même, les discussions commençaient, que les différentes perspectives se faisaient entendre, des personnes ont marqué la maison au fer rouge : « MAC misogyne ». Cet acte a sans doute été le paroxysme de la désincarnation de la militance. La symbolique d’un tel acte, dans de telles circonstances et dans sa rapidité, ne peut être associée qu’à la violence, non à la militance féministe. C’est d’ailleurs l’avis de la majorité des personnes, tant celles qui défendaient l’affiche que celles qui la critiquaient. A ces personnes qui ont pensé agir pour la cause féministe, nous répondons : vous n’avez fait qu’attiser la binarité du débat et impacté les travailleurs et travailleuses de la maison, ainsi que les personnes qui la fréquentent. Audre Lorde, féministe et poétesse lesbienne noire que vous avez sans doute lue écrivait : « Les outils du maître ne démantèleront jamais la maison du maître ». Pourtant, la peinture des bombes que vous avez utilisée est de la même couleur que celle qu’on a pu voir sur d’autres Maisons arc-en-ciel, sauf que cette fois, le message n’est pas homophobe ou transphobe. Il reste néanmoins inquisiteur et intimidant. Clairement, vous vous êtes trompé.es d’outil.

La MAC restera toujours un lieu ouvert à tous·tes, aux multiples perspectives, à la remise en question. Elle porte son regard sur le passé tout en restant attentive aux enjeux présents en vue de créer un meilleur avenir. La bienveillance et le respect resteront ses maîtres mots. A l’aube de menaces politiques jugées grandissantes pour les droits LGBTQIA+, mais aussi pour ceux des femmes, la Maison considèrent que les connexions entre les mouvements doivent devenir des nœuds coalitionnels dont la pérennité ne sera possible que si chacun, chacune laisse la place à la possibilité des incompréhensions, des dialogues, des affects, de l’imperfection. A la possibilité d’être humain, après tout.

Du reste, nous remercions tous les soutiens, individuels, collectifs et institutionnels apportés à la Maison, à son équipe, et aux artistes. Nous faisons appel à la sérénité et au calme et, comme l’Histoire l’a montré, la période de Noël et de fin d’année est une période particulièrement propice à cet effet.


L’Organe d’Administration de la Maison Arc-en-Ciel de Liège

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